«La rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat, annoncée mardi par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, n’a pas vraiment surpris. Au contraire, c’était attendu», a indiqué l’analyste politique et vice-doyen en science politique et relations internationales à la Faculté de gouvernance et des sciences économiques et sociales à l’Université Mohammed VI Polytechnique, Khalid Chegraoui.
D’après lui, l’Algérie a opté pendant plusieurs mois pour l’escalade, depuis l’affaire de Guergarate et la reconnaissance par les États-Unis de la marocanité du Sahara. Un véritable succès diplomatique qui est venu s’ajouter à d’autres victoires enregistrées sur le plan de la politique marocaine extérieure qui n’a pas manqué de titiller le voisin algérien.
D’un autre côté, l’analyse de la situation économique et politique de l’Algérie sur le plan interne laisse dégager plusieurs éléments qui auraient sans doute contribué à la prise de cette décision, ajoute le même intervenant.
«D’abord, le voisin algérien vit depuis plusieurs mois une situation très difficile sur le plan économique et politique. Ainsi, pour surmonter cette situation, et pouvoir renforcer de nouveau l’unité et la cohésion nationale, les dirigeants du pays recourent à l’argument de l’ennemi étranger, à la théorie du complot. Ainsi, à défaut de convaincre les composantes de la nation d’un ennemi commun qui est la France, vu les intérêts que partagent les deux pays, c’est le Maroc qui fait office d’ennemi utile», estime M. Chegraoui.
D’après cet analyste, cette politique est devenue désormais presque une doctrine adoptée par le système algérien pour fédérer l’unité sociale et faire face à la contestation populaire et aux difficultés économiques et sociales que connaît le pays et qui ont été accentuées par la crise liée à la Covid-19.
Cet arrêt des liens n’aura aucune incidence sur les relations économiques
Sur un autre registre, abordant les éventuelles conséquences économiques et politiques de cette rupture des relations diplomatiques, M. Chegraoui a estimé que cet arrêt des liens n’aura aucune incidence sur les relations économiques puisque les échanges économiques entre les deux pays sont quasi inexistants.
Toutefois, le Maroc est appelé à faire très attention sur le plan politique et sécuritaire, puisque cette rupture ne constitue que le début d’une série d’escalades militaires auxquelles les dirigeants militaires algériens pourront avoir recours pour provoquer le Royaume et l’entraîner sur un terrain glissant, à savoir une confrontation militaire.