L’Algérie a lancé deux mandats d’arrêt internationaux contre l’écrivain Kamel Daoud, en pleine controverse autour de son roman Houris. L’auteur conteste cette décision qu’il juge politique.
Deux mandats d’arrêt algériens contre Kamel Daoud, la France réagit
L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, lauréat du Goncourt 2024, est désormais sous le coup de deux mandats d’arrêt internationaux émis par la justice algérienne. Ces poursuites surviennent dans un contexte tendu autour de son roman Houris, inspiré du témoignage d’une survivante des massacres de la décennie noire. La France, tout en réaffirmant son attachement à la liberté d’expression, a confirmé avoir été informée de cette décision judiciaire. Selon le droit algérien, un mandat international peut être délivré dès lors que l’inculpé est à l’étranger. En novembre 2024, une plainte avait été déposée par Saâda Arbane, estimant que son histoire avait été utilisée sans son consentement. Une seconde émane d’une organisation nationale de victimes du terrorisme.

Un conflit entre littérature, politique et mémoire historique
Face à cette décision, l’écrivain entend saisir Interpol pour contester ce qu’il considère comme une tentative politique de le faire taire. Son avocate dénonce une manœuvre visant à censurer un auteur dont le roman aborde les tabous de la guerre civile algérienne. En Algérie, l’œuvre est interdite en vertu d’une loi empêchant toute publication sur cette période tragique. Parallèlement, une action civile pour atteinte à la vie privée est en cours devant la justice française. Kamel Daoud, soutenu par son éditeur Gallimard, réfute les accusations, affirmant que son récit ne reprend pas directement la vie de Mme Arbane. L’affaire cristallise les tensions autour de la mémoire collective et de la liberté artistique en Algérie.