L’écrivain Kamel Daoud, lauréat du Goncourt 2024, dénonce l’autoritarisme du régime algérien et les attentes idéologiques de la presse de gauche dans un entretien au Monde.
Kamel Daoud : une voix critique face au régime algérien
Dans un entretien au quotidien Le Monde, l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024 pour son roman Houris, s’est exprimé avec force contre le régime algérien et certaines dérives de la presse de gauche. Il déplore la censure de son ouvrage en Algérie, en raison d’une loi interdisant toute œuvre sur la décennie noire (1992-2002), période tragique qui a causé plus de 200 000 morts. « Le régime réduit au silence ses opposants par l’intimidation », affirme Kamel Daoud, citant des exemples de pressions subies par des écrivains algériens, parfois contraints au silence par peur de représailles.
Une critique élargie aux islamistes et à la presse
L’auteur s’en prend également aux islamistes qu’il accuse de « privatiser les espaces culturels » en Algérie, ainsi qu’à une partie de la presse de gauche qui, selon lui, impose aux écrivains une posture idéologique. « Soit nous nous conformons à leurs attentes, soit nous sommes réduits au silence », explique-t-il.
Reconnu pour ses positions tranchées, Kamel Daoud utilise ses chroniques hebdomadaires dans Le Point pour dénoncer à la fois les islamistes et les dérives de certains courants politiques. Cela lui vaut d’être critiqué pour son refus de se conformer aux stéréotypes attendus. Malgré les attaques, l’écrivain persiste à défendre sa liberté de parole et son engagement littéraire, dans une Algérie où, dit-il, « le mensonge est nécessaire pour y rester ».