Accusé d’avoir utilisé l’histoire d’une patiente pour son roman Houris, Kamel Daoud fait face à deux plaintes en Algérie. Retour sur une affaire mêlant littérature et justice.
Deux plaintes déposées contre Kamel Daoud et son épouse
L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, récemment couronné du Prix Goncourt 2024 pour son roman Houris, est accusé d’avoir utilisé l’histoire d’une patiente de son épouse psychiatre sans autorisation. Deux plaintes ont été déposées en Algérie : l’une par l’Organisation nationale des victimes du terrorisme, l’autre par Saâda Arbane, la victime présumée.
Selon l’avocate des plaignants, Fatima Benbraham, ces accusations remontent à août 2024, peu après la publication du livre. Le tribunal d’Oran a été saisi pour « violation du secret médical », « diffamation des victimes du terrorisme » et « infraction à la loi sur la réconciliation nationale », qui interdit toute publication sur la guerre civile algérienne.
Une polémique entre fiction et réalité
Saâda Arbane, survivante d’un massacre pendant la guerre civile algérienne, affirme que le roman Houris reprend des éléments intimes de sa vie, notamment des détails sur sa santé et ses expériences personnelles. Ces révélations ont suscité l’indignation de plusieurs organisations en Algérie.
De son côté, l’éditeur Gallimard défend Kamel Daoud, dénonçant une « campagne diffamatoire orchestrée ». Selon la maison d’édition, Houris s’inspire du contexte tragique de la guerre civile mais reste une œuvre de fiction. Le roman, qui se déroule à Oran, explore le parcours d’une jeune femme traumatisée par un massacre en 1999. Malgré la controverse, il continue de susciter un vif intérêt dans le paysage littéraire, mais l’affaire judiciaire pourrait ternir son succès.