Un changement de ton s’opère entre la France – Algérie. Le nouveau ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, adopte une approche plus collaborative sur les accords de 1968, contrastant avec la ligne dure défendue auparavant par Bruno Retailleau. Une invitation officielle à Alger marque cette volonté d’apaisement après des mois de crispations diplomatiques.
Un rapprochement symbolique après une période de tensions
Il y a peu, imaginer le ministre de l’Intérieur accueilli en Algérie semblait improbable. La crise diplomatique, notamment autour des détentions de Boualem Sansal et Christophe Gleize, avait figé les relations France – Algérie.
Pourtant, Laurent Nuñez a été convié à rencontrer prochainement son homologue à Alger. Ce geste ouvre une nouvelle phase où la confrontation laisse place à la discussion. Selon l’ancien président du groupe d’amitié France – Algérie, Belkhir Belhaddad, il s’agit « de faire redescendre la pression et de renouer le dialogue ».
Une stratégie différente de celle de Bruno Retailleau
Bruno Retailleau avait privilégié la pression sur les accords de 1968, pensant obtenir des avancées sur les expulsions. Mais les résultats sont restés faibles. Entre janvier et octobre 2025, seulement 500 éloignements vers l’Algérie ont été effectués, contre 1 400 sur la même période l’année précédente.
Laurent Nuñez estime que « la méthode du bras de fer ne fonctionne pas » et préfère renforcer la coopération sécuritaire, notamment dans la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel. Cette orientation s’inscrit également dans la volonté du président de la République de ne pas transformer la relation France – Algérie en enjeu politique interne.
Un débat politique encore vif
La question demeure sensible au Parlement. Fin octobre, l’Assemblée nationale a adopté symboliquement une résolution du Rassemblement national visant à mettre fin aux accords de 1968. Le gouvernement, par la voix du Premier ministre, privilégie toutefois une « renégociation » plutôt qu’une rupture, jugeant nécessaire de préserver les intérêts stratégiques, économiques et énergétiques entre la France – Algérie.
La démarche de Laurent Nuñez marque un tournant : remettre la coopération au centre de la relation France – Algérie. Reste à savoir si ce changement de méthode permettra de dépasser les blocages persistants et de consolider une dynamique durable entre les deux pays.