Ils ont travaillé toute leur vie, cotisé en France mais pourraient tout perdre en silence. En 2025, 15 000 retraités algériens sont menacés de suspension de pension. Derrière cette vague de contrôles, un système accusé d’injustice et d’opacité. Les détails dans cette édition du mercredi 28 mai 2025.
L’Algérie, ciblée comme jamais
50 000 retraités algériens devront prouver chaque année qu’ils sont toujours en vie. En 2026, ils seront 60 000. Pourquoi un tel acharnement ? La Cour des comptes parle de lutte contre la fraude. Mais seuls 8 000 Marocains et 2 000 Tunisiens subiront le même sort. Une différence qui interroge. Pire encore : 15 000 retraités algériens verront leur pension suspendue dès cette année, souvent faute d’avoir répondu à temps. Les plus fragiles ? Ceux qui ne comprennent pas les démarches ou n’ont pas accès aux technologies.
Contrôles automatiques, procédures kafkaïennes
Une fois les paiements arrêtés, reprendre le fil devient un cauchemar. Absence de consignes claires, lenteurs administratives, convocations floues : les retraités doivent prouver qu’ils existent, dans un système qui les rend invisibles. Depuis septembre 2024, la reconnaissance faciale est censée simplifier les choses. Mais à fin 2024, seuls 44 000 retraités sur 300 000 l’avaient adoptée. Les plus de 85 ans ? Dépassés.
Beaucoup se retrouvent seuls face à une technologie qu’ils ne comprennent pas. 38 à 80 millions d’euros de pertes estimées par an. La fraude existe, oui. Mais 44 % des décès non signalés suffisent-ils à justifier cette pression ? Les retraités algériens paient le prix fort d’un système qui les accuse d’office.