Le prix du poulet en Algérie atteint actuellement des sommets inédits, avec des tarifs dépassant les 600 dinars algériens (DA) par kilo à Alger, et même 1 200 DA par kilo pour l’escalope, une situation sans précédent. Il y a seulement un mois, le poulet complet était vendu à 400 DA le kilo.
Selon le porte-parole du ministère de l’Agriculture, Messaoud Ben Driri, il s’agit d’un phénomène conjoncturel, et les prix devraient connaître une baisse prochaine. Les autorités comptent sur des importations ponctuelles pour rétablir la stabilité des prix.
Cependant, ces importations suscitent des inquiétudes au sein des organisations professionnelles agricoles, qui craignent une concurrence féroce. Pour Tahar Kerami, un responsable de l’Union nationale des paysans algériens (Unpa), ces importations drainent d’importantes sommes en euros, qui auraient pu alléger les charges des éleveurs locaux.
La filière avicole algérienne traverse une période difficile, confrontée à plusieurs défis majeurs. La crise sanitaire de la COVID-19, la grippe aviaire, la hausse des prix du maïs et du soja due à la crise ukrainienne, ainsi qu’un été particulièrement chaud, ont mis à mal les petits éleveurs, qui produisent la majeure partie de la volaille en Algérie.
Ces petits éleveurs, souvent équipés de structures rudimentaires, luttent pour maintenir des conditions optimales en raison des températures élevées. Certains ont même dû vendre leurs poulets à perte et envisagent d’arrêter leur activité. Le secteur avicole algérien est confronté à une situation critique.
La question clé est de savoir comment garantir l’accessibilité à la viande de poulet, une source importante de protéines pour les ménages à faible revenu en Algérie. Les importations de poulet ukrainien, abondantes depuis la levée des droits de douane en 2022, pourraient-elles être une solution ? Cependant, la filière avicole algérienne est aux prises avec de graves problèmes structurels.
Des solutions face à la hausse du prix des poulets
La dépendance aux importations massives de maïs et de soja, des matières premières essentielles pour l’alimentation des volailles, expose la filière à la volatilité des prix mondiaux. De plus, le climat aride de l’Algérie limite la production locale de ces matières premières. Les épidémies et les maladies impactent également la production, tandis que les petits éleveurs manquent souvent de formation en matière de biosécurité et de gestion sanitaire.
Pour garantir un équilibre financier dans le secteur avicole, il est nécessaire de réduire le taux de mortalité des animaux à des niveaux proches de zéro. Les souches de poulets importées sont hautement performantes, mais de nombreux éleveurs en Algérie ne parviennent pas à atteindre les normes internationales en matière de production.
La filière avicole algérienne doit relever ces défis en favorisant des cultures alternatives pour réduire les importations de maïs et de soja, en améliorant les conditions de travail dans les élevages, et en fournissant une formation adéquate aux éleveurs en matière de biosécurité. La répartition équitable de la valeur ajoutée entre les acteurs de la filière, y compris les couvoirs, les fabricants d’aliments, les éleveurs et les abattoirs, est également cruciale pour assurer la viabilité de la filière avicole en Algérie.