Algerie Part Plus – Dans une récente sortie médiatique, le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, s’est targué d’ores et déjà d’un bilan énormément positif pour l’année 2021. Or, comme à son habitude, dans son exercice de communication, le PDG de Sonatrach a omis de nombreuses vérités en cachant les véritables chiffres des activités de la compagnie nationale des hydrocarbures.
Ainsi, d’après Toufik Hakkar, le groupe national pétrolier Sonatrach table sur une recette se situant entre 30 et 33 milliards USD pour l’année 2021. Le même haut responsable a assuré que les revenus du groupe connaissent une « nette amélioration » au cours de cette année par rapport à l’année 2020, dont les activités ont été impactées par la crise sanitaire de la Covid-19. « Le groupe a atteint l’équivalent des revenus de l’année 2020 en moins de 9 mois de l’année en cours », a-t-il ajouté d’un air satisfait.
Il s’avère que la réalité du terrain est totalement différente de celle qui est décrite et racontée par le PDG de Sonatrach dans ses déclarations faites aux médias algériens. Et pour cause, Algérie Part a pu confirmer au cours de ses investigations qu’au premier semestre 2021, la production de Sonatrach continue sa dégringolade même par rapport à 2020 l’année où la pandémie de la COVID-19 a totalement paralysé l’économie mondiale. Les chiffres que nous avons pu obtenir confirment que la Sonatrach n’a pas su profiter au maximum de la reprise économique mondiale depuis le début de 2021 et l’augmentation conséquente des prix du pétrole et du gaz parce qu’elle peine à produire convenablement.
Preuve en est, les volumes d’exportation du pétrole brut par la Sonatrach ont diminué de 25% par rapport aux volumes des exportations de 2020, a-t-on pu confirmer au cours de nos investigations. Cela s’explique essentiellement par la reprise de la consommation nationale qui ne cesse d’augmenter d’une année à une autre, environ de 7 jusqu’à 10 %, et de la faiblesse chronique de la production nationale qui tourne encore depuis le début de l’année 2021 autour de 800 mille barils par jour avec des pics irréguliers flirtant avec les 900 mille barils de pétrole par jour. Le plus important pic de production quotidienne de pétrole a été enregistré au cours du mois de juillet dernier avec 915 barils de pétrole par jour, confirment à ce propos les statistiques officielles de l’OPEP, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole. Ce qui est nettement insuffisant pour profiter de l’embellie des prix mondiaux sachant que presque 500 mille barils par jour sont dédiés exclusivement aux besoins de la consommation nationale, comme il a été expliqué à maintes reprises par Algérie Part dans ses diverses enquêtes.
Par ailleurs, les chiffres obtenus par nos soins confirment également que les exportations de condensat de Sonatrach ont diminué de 10% par rapport à l’année 2020. Il faut savoir que le condensat de gaz naturel est un mélange liquide composé d’hydrocarbures légers et obtenus par condensation de certains gaz naturels bruts. Il est récupéré en sortie de puits avant d’être traité dans une unité de traitement du gaz naturel. Souvent vendu en tant que pétrole brut léger, il peut être mélangé à d’autres hydrocarbures pour produire divers types de carburants par exemple.
D’autre part, les exportations du gaz de pétrole liquéfié (GPL) de Sonatrach ont diminué de 7% par rapport à 2020. Pour rappel, le gaz de pétrole liquéfié (GPL) est un mélange d’hydrocarbures légers stocké à l’état liquide, et issu du raffinage du pétrole pour 40 % et du traitement du gaz naturel pour 60 %[1]. Les hydrocarbures constituant le GPL, dans son appellation officielle, sont essentiellement le propane et butane ; le mélange peut contenir jusqu’à 0,5 % d’autres hydrocarbures légers tels que le butadiène. Le GPL était autrefois considéré comme un résidu de l’extraction du pétrole et directement brûlé au sommet de torchères. Il est dorénavant récupéré par distillation, les fractions les plus nobles et le reste servent généralement de carburant, mais pour des appareils différents. Le GPL-c (GPL-carburant), utilisé comme carburant pour véhicules, est un mélange à 50% de butane et de propane.
Soulignons enfin que ces diminutions dans les exportations de Sonatrach ont causé jusque-là, à savoir le premier semestre de l’année 2021, un manque à gagner qui dépasse les 2 milliards de dollars de pertes. Cette somme considérable aurait pu profiter au Trésor Public en ces temps de crise financière qui paralyse l’Algérie. Malheureusement, avec la mauvaise gestion actuelle de Sonatrach, et au rythme des diminutions des exportations, ce manque à gagner risque d’augmenter jusqu’à 4 milliards de dollars d’ici la fin de l’année 2021. Une véritable contre-performance, pour ne pas dire un gâchis, que la direction générale actuelle de Sonatrach cache soigneusement aux médias algériens.