Hier jeudi 24 mars, Air Algérie a été contrainte d’annuler ses 64 nouveaux vols hebdomadaires et de les retirer de son programme actuel en raison d’un refus catégorique des autorités françaises de lui délivrer les autorités nécessaires à la programmation des futurs vols à destinations des villes françaises comme Marseille, Lyon ou Toulouse, a pu confirmer Algérie Part au cours de ses investigations.
La Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) en France a communiqué hier jeudi son refus de valider le nouveau programme des vols d’Air Algérie. La DGAC a communiqué sa réponse à la Direction algérienne de l’aviation civile et de la météorologie (DACM). Et celle-ci s’est chargée d’instruire ensuite Air Algérie de retirer rapidement son nouveau programme de vols qui a été hâtivement communiqué au grand public en Algérie sans tenir compte des objections formulées par la DGAC en France.
Selon nos vérifications, Air Algérie et le ministère des Transports à Alger ont commis l’incroyable maladresse de rendre public un nouveau programme de 64 vols supplémentaires sans avoir obtenu au préalable le quitus des autorités de l’aviation civile française. Cet amateurisme dans la gestion du trafic aérien et l’ouverture des frontières aériennes du pays a provoqué un cafouillage inédit.
Moins d’une après la publication de ce nouveau programme de 64 vols, Air Algérie et le ministère des Transports ont été obligés de supprimer leurs annonces de tous leurs supports sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook) sans fournir pour autant la moindre explication aux voyageurs algériens restés ébahis face à cette gestion anarchique d’un dossier très sensible étant donné que des milliers d’Algériens établis à l’étranger réclament depuis des mois le rétablissement du programme ordinaire des vols internationaux d’Air Algérie pour pouvoir revenir dans leur pays et retrouver leurs proches à la veille du mois sacré de Ramadhan.
Selon nos investigations, Air Algérie et le ministère des Transports n’ont pas attendu le « feu vert » de la DACM avant de faire des annonces au grand public. La DACM n’avait pas achevé ses négociations avec la DGAC qui a refusé de livrer son accord de principe pour les vols devant relier Alger, Constantine et Oran à plusieurs villes françaises comme Toulouse, Nice, Lyon ou Marseille ainsi que Lille.
D’après les informations recoupées par nos soins, la DGAC en France a refusé les demandes d’Air Algérie parce que les autorités algériennes n’ont pas présenté un plan transparent de rétablissement complet de l’ouverture des frontières aériennes du pays qui demeurent soumises à un dispositif restrictif qui court depuis juin 2021. Pour rappel, le 17 mars 2020, l’Algérie a fermé toutes ses frontières en raison de la pandémie de Covid-19. Les frontières algériennes ont commencé à rouvrir partiellement, à partir du 1er juin 2019.
Pour valider ou homologuer les nouveaux vols d’Air Algérie, les autorités de l’aviation civile en France ont exigé des clarifications concernant le statut actuel des frontières aériennes en Algérie. La DGAC ne veut pas créer de nouveaux slots, un droit d’usage accordé par la France à une compagnie aérienne pour qu’elle puisse décoller ou atterrir dans un aéroport français à un certain horaire, pour les offrir à Air Algérie alors que cette dernière ne veut pas exploiter ses anciens slots qui lui sont attribués bien avant la pandémie de la COVID-19.
Il faut savoir à ce propos que les règles européennes contraignent les compagnies aériennes à voler si elles veulent conserver leurs « slots », ces créneaux horaires qui autorisent une compagnie à décoller d’un aéroport ou à y atterrir à un moment précis. Pour conserver ces droits d’opérer, les compagnies doivent réaliser au moins 80% des vols prévus. La Commission européenne veille strictement sur le respect et l’application des règles. Pourquoi ? Parce qu’il a y enjeu économique majeur.
L’Europe a émis une réglementation au début des années 90 de telle sorte à pouvoir augmenter l’efficacité et obligeant les compagnies à utiliser au minimum 80% des slots dont elles sont détentrices dans le but d’éviter que l’on bloque des positions et qu’on empêche ainsi des concurrents de venir occasionnant ainsi des pertes financières considérables pour les aéroports européens. Ainsi, si dans un aéroport, il reste des slots qui ne sont pas utilisés par des compagnies en place, ces créneaux peuvent être attribués à d’autres compagnies aériennes, soit celles déjà actives dans cet aéroport, soit d’autres qui souhaiteraient y développer leurs activités.
Malgré la levée progressive des restrictions sanitaires, Air Algérie n’a pas pu relancer ses activités le plus normalement du monde pour exploiter comme il se doit ses slots négociés avec la DGAC en France alors que les slots deviennent très vite des denrées rares, très prisées des compagnies dans les aéroports les plus fréquentés de France ou d’Europe. Air Algérie n’a pas pu reprendre ses activités commerciales et aériennes en raison du refus obstiné du gouvernement algérien à maintenir la fermeture partielle des frontières du pays alors que la situation sanitaire s’est nettement améliorée dans le monde entier. Cette gestion pénalise Air Algérie et irrite les autorités françaises qui ne veulent pas maintenir éternellement en stand-by les anciens slots de la compagnie battant pavillon national. C’est pour cette raison que la DGAC en France refuse négocier un nouveau plan provisoire comportant des nouveaux vols conjoncturels négociés à la demande des autorités algériennes.