Le président Emmanuel Macron a intensifié ses critiques envers l’Algérie, augmentant ainsi le risque de tensions diplomatiques accrues entre la France et l’Algérie. Lors d’une rencontre avec les ambassadeurs français à l’Élysée ce lundi 6 janvier, Macron a vivement critiqué l’emprisonnement de Boualem Sansal, un écrivain franco-algérien détenu à Alger depuis novembre 2024.
Macron a qualifié cette détention de « honte » pour l’Algérie, nuisant sérieusement à sa réputation internationale. Il s’est dit outré par le traitement de Sansal, qui avait été arrêté après avoir soutenu la position du Maroc concernant le Sahara occidental et accusé de compromettre la sécurité et l’intégrité territoriale de l’Algérie, ainsi que de collusion avec des ennemis de l’État. Il a également critiqué le refus de l’Algérie de permettre à l’écrivain, qui souffre de sérieux problèmes de santé, d’accéder aux soins médicaux nécessaires.
« C’est une honte pour un pays que nous estimons beaucoup, avec lequel nous partageons tant de liens et d’histoires, de voir un homme gravement malade privé de soins médicaux, » a déclaré Macron. Il a appelé le gouvernement algérien à libérer Sansal, exprimant son amour et son respect pour le peuple algérien et son histoire.
Les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France sont tendues depuis plusieurs mois.
Les conflits entre la France et l’Algérie ne datent pas d’hier. Depuis que Emmanuel Macron est devenu président en 2017, les relations entre les deux pays ont été ponctuées de divers incidents, particulièrement autour de questions épineuses telles que la colonisation et la mémoire historique.
Cependant, c’est en 2024 que les choses se sont nettement aggravées, surtout après les déclarations de Macron sur le Sahara occidental. En juillet 2024, le président Macron a exprimé son appui à la revendication marocaine sur ce territoire, affirmant que le Maroc avait « le droit » de le réclamer. Cette position a directement détérioré les liens avec Alger, l’Algérie voyant dans cet appui une violation du droit international. Les tensions ont été davantage intensifiées suite à l’affaire de Boualem Sansal.
L’écrivain, ayant contesté l’intégrité territoriale de l’Algérie, a été considéré par certains comme un traître à sa nation. En conséquence, les autorités algériennes ont choisi de le placer en détention provisoire, exacerbant les frictions existantes entre la France et l’Algérie.
La stratégie de Macron avec l’Algérie : un durcissement risqué
Jusque-là, la France avait opté pour une diplomatie de l’ombre pour gérer ce cas, mais l’intervention de Macron signale un changement de cap. Le président français a décidé de se positionner ouvertement pour la libération de Boualem Sansal, une démarche qui risque de tendre plutôt les relations entre les deux pays.
Les initiatives diplomatiques françaises antérieures, en particulier celles de 2021 après les commentaires polémiques de Macron concernant l’histoire algérienne, avaient déjà exacerbé les tensions. Les récentes prises de position de Macron au sujet de l’affaire Sansal pourraient sérieusement affecter les relations franco-algériennes. Depuis quelques mois, l’absence d’un ambassadeur algérien en France témoigne de la fragilité des liens diplomatiques. Si la France continue dans cette direction, il est probable que les discordes s’intensifient, selon plusieurs analystes. Cette crise pourrait aussi impacter négativement les domaines économique et sécuritaire.
Les deux nations entretiennent des relations économiques significatives, notamment dans le secteur de l’énergie, la France étant dépendante des importations de gaz algérien. Une dégradation des relations diplomatiques pourrait aussi compromettre la collaboration en matière de lutte antiterroriste au Sahel, où les deux nations travaillent conjointement.
