Un éminent scientifique, un professeur d’université reconnu mondialement pour ses compétences académiques a été placé brutalement en garde-à-vue par les services de sécurité à Constantine en raison de sa participation à une marche pacifique du Hirak. Un dérapage inédit qui en dit long sur les intentions malsaines et profondément dangereuses du régime algérien à travers la répression de plus en plus violente menée à l’encontre du Hirak.
Le célèbre professeur Djamel Mimouni a été effectivement maltraité et malmené par des policiers qui ont décidé ensuite de le placer en garde-à-vue au niveau du commissariat central de la ville de Constantine parce qu’il a refusé signer une attestation sur l’honneur dans laquelle il consent à ne plus participer aux marches populaires du Hirak. Cette triste nouvelle a provoqué une véritable onde de choc à Constantine. Et pour cause, Djamel Mimouni n’est pas n’importe qui. Djamel Mimouni est professeur de physique à l’université Frères Mentouri (Constantine1) et directeur de l’école doctorale d’astrophysique. Diplômé de l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis), il est président de l’association d’astronomie Sirius et vice-président de l’Union arabe de l’astronomie et des sciences de l’espace (AUASS). Il a été élu, le 26 mars 2019, président du comité exécutif de la Société africaine d’astronomie (AFAS).
Il avait obtenu le prix Eurêka 2019 qui lui a été décerné en mars 2020 à la Cité de sciences de Tunis. Ce prix est décernée par une commission créée en 2017 récompense les efforts consentis dans le domaine de la diffusion de la culture scientifique et de la vulgarisation scientifique dans les pays du bassin méditerranéen. Il y a trois partenaires institutionnels prestigieux derrière ce prix : la Cité des sciences de Tunis (CST), l’Association des musées et centres pour le développement de la culture scientifique technique et industrielle (AMCSTI, France), et le Programme MED21.
Lancé à Rome en 2010, le Programme MED 21 est un réseau regroupant, à l’heure actuelle, 12 prix (dont, ci-contre, les logos) destinés à promouvoir l’excellence et la coopération en Méditerranée. Les prix qui composent ce réseau distinguent des personnes physiques ou morales ayant contribué, de manière significative, au renforcement de la coopération méditerranéenne dans des domaines aussi variés que la philosophie, les sciences humaines, l’économie, l’architecture, l’urbanisme, la traduction, la musique, le journalisme, la littérature et les sciences exacte.
Djamel Mimouni est une véritable fierté pour l’Algérie. C’est l’une des rares, mais vraiment très rares, compétences scientifiques qui ont refusé de quitter le pays pour poursuivre son travail en Algérie afin de tenter de contribuer au développement du pays. Pour le récompenser, les autorités algériennes vont le placer en garde-à-vue pour le présenter ensuite demain dimanche tel un vulgaire délinquant devant le Procureur de la République près le tribunal d’El Ziadia à Constantine. Honteux et consternant. Comment peut-on avec de telles dérives convaincre les « cerveaux algériens » de rester encore dans leur propre pays pour concevoir leur avenir sous l’égide d’un Etat qui traite de la sorte les universitaires les plus brillants ?