Deux figures majeures du web algérien se retrouvent sous les projecteurs… mais cette fois, au tribunal. Le rappeur Didine Kalach est poursuivi pour outrage à la police dans sa chanson Spider, pendant que l’influenceuse Ahlam Amouri est placée sous contrôle judiciaire pour avoir diffusé des vidéos explosives. Un double choc numérique qui enflamme les réseaux et interroge sur les limites de la liberté d’expression en Algérie.
Didine Kalach accusé d’outrage : provocation artistique ou attaque frontale ?
Ce mardi 24 juin, le tribunal de Chéraga a été le théâtre d’un procès aussi médiatique que polémique. Le rappeur Y. Kheireddine, alias Didine Kalach, y était jugé pour outrage à corps constitué, suite à sa chanson Spider dans laquelle la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) serait visée. La Direction Générale de la Sûreté Nationale a déposé plainte, estimant que les paroles de la chanson franchissaient la ligne rouge en insultant la police.
Mais l’artiste dément catégoriquement. Il affirme avoir répondu à des provocations venues du Maroc, et accuse une chanteuse maroco-américaine de s’attaquer à l’Algérie via ses titres. Il se dit patriote, engagé, et estime que ses propos ont été sortis de leur contexte. Il faut noter que Didine Kalach est interdit d’entrer au Maroc et empêché de quitter l’Algérie, alors même que le procureur a requis une amende de 500 000 dinars. Le verdict reste en suspens.
Ahlam Amouri : une vidéo virale, des conséquences judiciaires lourdes
Quelques semaines plus tôt, une autre figure du web algérien, Ahlam Amouri, a été frappée de plein fouet par la justice. Placée sous contrôle judiciaire, l’influenceuse est poursuivie pour diffusion de fausses informations et atteinte à l’intérêt national, après avoir republié une vidéo sulfureuse.
Dans la séquence, sa co-épouse se vante publiquement d’avoir des relations étroites avec des procureurs d’Alger. Ce contenu a aussitôt déclenché une enquête du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité. Depuis, Ahlam Amouri est tenue de se présenter au tribunal tous les 15 jours, en attendant l’issue de son procès. Son cas illustre la tolérance zéro du gouvernement algérien face à la désinformation sur les réseaux sociaux.
Liberté d’expression ou répression numérique ? Le débat est lancé
Ces deux affaires sur Didine Kalach et Ahlam Amouri montrent une montée en puissance du contrôle judiciaire des contenus viraux en Algérie. D’un côté, un rappeur engagé dont les textes bousculent l’ordre établi. De l’autre, une influenceuse piégée par une vidéo devenue hors de contrôle.
Jusqu’où peut-on aller dans l’expression artistique ou numérique sans franchir les lignes rouges ? La justice est-elle en train de censurer ou de protéger ? Les internautes se déchirent, entre défense de la liberté d’expression et soutien aux institutions nationales. Mais une chose est sûre : le web algérien est plus que jamais sous surveillance.