Rabat soupçonne Alger de lien avec l’Iran. En effet, l’Algérie soutien toujours le Sahara Occidental contre le Maroc. Les détails d’une rivalité entre États…
La Tension est à son comble entre l’Algérie et le royaume chérifien. Les dernières déclarations du ministre marocain des Affaires étrangères, exprimées à l’occasion de la visite de son homologue israélien, ont été mal perçues à Alger. Rabat et Tel-Aviv accusent en effet l’Algérie de former un axe avec l’Iran et se disent inquiets de cette nouvelle alliance.
L’Algérie n’a pas répondu officiellement mais elle refuse toujours de changer de position sur la question du Sahara occidental. C’est cette question essentielle qui est au cœur de la brouille entre Alger et Rabat.
Les Sahraouis entre le Maroc et l’Algérie
Pour comprendre la crise entre l’Algérie et le Maroc, il faut remonter une dizaine d’années en arrière. Le professeur en sciences politiques Yahia Zoubir rappelle qu’à l’époque, « le président Bouteflika avait déclaré qu’il n’y aurait jamais de casus belli entre les deux pays. Une affirmation qui a été traduite par la partie marocaine comme un abandon de la cause sahraouie par l’Algérie ».
Mais en 2019, la diplomatie algérienne remet, après la chute de Bouteflika, le dossier du Sahara occidental sur la table.
La tension devient alors une crise majeure et le Maroc se lance dans une offensive diplomatique, tentant de faire un amalgame entre le Sahara occidental et la Kabylie.
Mustapha Haddam, analyste, constate : « Quand on voit toute l’énergie mise par le Maroc dans le soutien d’un mouvement séparatiste comme le Mak (mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, ndlr) en le finançant et en plaidant sa cause sur le plan international, il devient évident que le Maroc lance une attaque directe contre l’Algérie. »
Ambiguïté des Etats-Unis
Pour Mustapha Haddam, le Maroc cherche à déstabiliser le front intérieur algérien. Le professeur Yahia Zoubir soutient ce point de vue et affirme que cette offensive a été rendue possible par les nouvelles connexions marocaines et l’ambiguïté des Etats-Unis : « Le Maroc s’est senti fort avec l’établissement de relations avec Israël mais pas uniquement : la position américaine qui, d’un côté, ne reconnait pas officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et d’un autre, ne remet pas en cause le tweet de l’ancien président Donald Trump sur cette question a revigoré le Maroc face à son voisin. »
Entretemps, le Maroc développe un discours de la main tendue. Mais l’Algérie n’y croit pas et maintient ses positions.
Elle refuse notamment d’ouvrir sa frontière avec le Maroc et réaffirme sa position sur le dossier du Sahara occidental.
Pas de guerre possible ?
La crise s’intensifie mais pour Mustpaha Haddam, cela n’ira pas plus loin. Selon lui, « il ne peut y avoir de guerre entre les deux pays car les grandes puissances ne le permettront pas. Cela déstabiliserait le front sud européen mais aussi toute l’Afrique. C’est extrêmement dangereux. »
A Alger, même si on s’est habitué aux crises avec le voisin de l’ouest, plusieurs voix estiment que cette fois, une limite ont étés franchies.