Cinq listes de candidats aux élections législatives du 12 juin ont été constituées par des Algériens résidant au Canada. L’information a commencé à filtrer jeudi 20 mai date du lancement de la campagne électorale. Il s’agit de listes présentées par des partis connus et d’autres, moins connus ou carrément inconnus, dans l’opinion publique. Entre autres partis, le Parti du renouveau algérien (PRA), le Mouvement Ennahda, et le Front de la bonne gouvernance ont choisi leurs candidats pour la zone 4 directement du Canada.
Cette zone couvre tous les pays d’Europe en dehors de la France et les Amériques. Deux sièges sont en jeu. Le décret exécutif n° 21-131 du 31 mars 2021 signé par le premier ministre Abdelaziz Djerad confirme ce nombre de sièges pour cette zone, la zone 4. L’un de ces deux sièges était occupé par l’ex-député Noureddine Belmeddah qui avait cumulé deux mandats et de ce fait il ne peut pas se représenter une troisième fois, selon la nouvelle loi électorale. Toutefois, d’autres partis politiques ont proposé des candidats venant d’Europe pour cette zone. Aucun candidat indépendant n’est à signaler. Les contraintes réglementaires ont rebuté plus d’un. Selon la loi électorale, les listes indépendantes doivent être soutenues par 100 signatures au moins pour chaque siège.
Si le nombre parait dérisoire, il peut être très difficile pour un candidat d’aller chercher 100 personnes qui acceptent de laisser leurs occupations pour se déplacer au consulat à Montréal ou à l’ambassade à Ottawa pour signer les formulaires d’appui. C’est presque le nombre de votants habituels dans cette circonscription. Au dernier référendum du 1er novembre 2020, près de 110.000 Algériens étaient immatriculés à Montréal et 12.000 inscrits sur les listes électorales. Le taux de participation était de 3,15 % soit environ 378 électeurs qui ont voté.
Haut lieu du Hirak et fausse vidéo
La diaspora algérienne du Canada s’est distinguée par un soutien au Hirak depuis le début du mouvement populaire en février 2019. Deux manifestations continuent à se tenir chaque semaine. L’une devant le consulat et l’autre dans une place au centre-ville de Montréal, la Place du Canada. Ceci n’a pas empêché des candidats issus de la diaspora au Canada de se présenter malgré le rejet ambiant de cette élection, particulièrement sur les réseaux sociaux. L’un de ces candidats sur la liste du Front de la bonne gouvernance a tenté de justifier sa participation sur sa page Facebook, mais mal lui en prit. Yacine Kraimia, un informaticien de 36 ans originaire de Skikda et qui travaille au ministère de la Sécurité publique du Québec (l’équivalent du ministère de l’Intérieur en Algérie) a expliqué qu’il ne s’est pas présenté pour le salaire ou le passeport diplomatique qu’il dit ne pas en avoir besoin. Il a reproché aux hirakistes d’insulter ceux qui ne pensent pas comme eux.
Je crois que le changement ne peut se faire que de l’intérieur …le boycott n’est pas une solution…, a-t-il écrit sur sa page Facebook créée en février dernier et qui cumule plus de 33 000 abonnés. Une page qui connait un bon succès grâce aux conseils sur l’émigration au Canada qu’il y donne et sur laquelle il a aussi mené une campagne pour la réouverture des frontières pour les Algériens bloqués à l’étranger. La publication de Yacine Kraimia a récolté près de 1500 réactions et commentaires en moins de 24 heures. Certains lui ont affirmé que les attaques ne sont pas contre lui, mais qu’ils rejettent l’idée de l’élection elle-même. Curieusement, avec toute cette visibilité, ce candidat a publié une vidéo de son prétendu passage sur la chaîne européenne Euronews en langue arabe. Or, après vérification, cette vidéo s’est avérée être un montage avec ajout du logo de la chaîne. La vidéo ne se trouve sur aucun site ou réseau d’Euronews et sa réalisation est loin des standards professionnels de cette chaîne.