En vue de l’obtention de titres de séjour, des milliers d’étrangers en situation régulière en France voient leur quotidien bouleversé par des bugs informatiques sur la plateforme ANEF.
Obtention de titres de séjour : Une plateforme censée simplifier, mais qui bloque des vies entières
Depuis la mise en place de la plateforme ANEF en 2021, les démarches pour l’obtention ou le renouvellement des titres de séjour en France sont entièrement dématérialisées. En théorie, cette réforme visait à simplifier les procédures. En réalité, des milliers d’étrangers en situation régulière subissent des dysfonctionnements majeurs, les empêchant d’accéder à leurs droits. Des associations dénoncent une machine administrative kafkaïenne, où bugs informatiques, impossibilité de créer un compte ou de changer une simple adresse mail, plongent des individus dans l’irrégularité malgré leur bonne foi.
Ce sont des parcours de vie brisés, des emplois perdus, des entreprises désorganisées, et des services préfectoraux débordés. Les prolongations automatiques de titres ne sont pas toujours générées, ce qui prive les demandeurs d’accès à la Sécurité sociale et à leur emploi. Le constat est alarmant : l’outil numérique est devenu un facteur de précarité au lieu d’une aide.

Un dysfonctionnement technique… ou une stratégie politique ?
Les difficultés ne sont pas nouvelles. Depuis trois ans, des organisations tirent la sonnette d’alarme sans réponse concrète des autorités. Des téléconseillers de l’ANTS eux-mêmes reconnaissent les lenteurs insupportables : parfois six mois pour changer une adresse mail, période durant laquelle les demandeurs restent bloqués, sans documents à jour. Ce vide administratif expose les usagers à des conséquences graves, malgré leur régularité.
Plus inquiétant encore, des voix s’élèvent pour dénoncer un choix politique délibéré. Médiapart a révélé que cet état de blocage pourrait être entretenu pour limiter discrètement l’accès des étrangers à leurs droits. Derrière les failles techniques, c’est une véritable remise en cause de l’égalité d’accès aux démarches administratives pour les étrangers en France qui est pointée du doigt. Une situation jugée intolérable, surtout pour des personnes qui vivent, travaillent et participent activement à la société française.