Entre ralentissements dans les titres de séjour, refus de visas et interrogations sur la binationalité, les Algériens de France ressentent fortement les tensions diplomatiques entre Paris et Alger.
Algériens de France : Des procédures ralenties et des projets mis en pause
Alors que les relations entre la France et l’Algérie connaissent une nouvelle dégradation, les conséquences se font déjà sentir dans le quotidien administratif de nombreux Algériens vivant en France. Depuis l’expulsion réciproque de diplomates, les témoignages se multiplient, évoquant des difficultés croissantes pour l’obtention de visas ou le renouvellement de titres de séjour. Abderrahmane, étudiant à Paris, déplore que sa mère se soit vu refuser un visa malgré deux séjours antérieurs : « On a prétexté des papiers non conformes, ce qui est incompréhensible », confie-t-il.
L’association Ecaf (Étudiants et Cadres Algériens en France) observe une détérioration de la situation. Bien que les chiffres officiels annoncent une hausse des renouvellements de titres en 2024, les premières demandes sont en net recul. Ce décalage statistique ne reflète pas, selon Yacine Bouzidi, responsable de l’Ecaf, l’inquiétude générale ni la complexité des démarches. Certains étudiants redoutent même de se rendre en Algérie de peur d’être bloqués au retour.

Binationalité, naturalisation : un climat de méfiance croissant
Les inquiétudes des Algériens de France ne se limitent pas aux questions de séjour. L’avenir du droit à la binationalité et l’éventualité d’un durcissement des critères de naturalisation suscitent des doutes grandissants. Chakib, informaticien, s’interroge : « Serons-nous toujours considérés comme Français à part entière ? » D’autres, comme Sarah, prennent les devants en entamant des démarches pour consolider leur statut juridique auprès des autorités algériennes.
Dans ce climat tendu, beaucoup ressentent une forme de stigmatisation. Rebiha, franco-algérienne, exprime son malaise d’être perçue comme étrangère des deux côtés : « On n’est jamais totalement ici, ni totalement là-bas. » Karima, salariée de France Travail, s’inquiète de devoir un jour trancher entre deux appartenances. Quant à Khadija, réalisatrice, elle admet que sans son compagnon français, elle aurait déjà quitté le territoire.