Les tensions entre l’Algérie et la France, plongées dans une crise sans précédent depuis la fin juillet dernier, semblent s’être légèrement apaisées, alors qu’Emmanuel Macron est confronté à une décision délicate.
À Paris, le Quai d’Orsay tente de reprendre le contrôle du dossier, tandis que Bruno Retailleau (Intérieur) et Gérald Darmanin (Justice) se montrent favorables à des mesures de rétorsion contre l’Algérie et ses dirigeants. De son côté, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, s’est activement mobilisé ces derniers jours pour désamorcer diplomatiquement cette crise, exacerbée par l’échec de l’expulsion d’un influenceur algérien, Doualemn, le 9 janvier. Ce dernier a été renvoyé en France par les autorités algériennes le jour même, provoquant une vive polémique en France, particulièrement au sein de la droite et de l’extrême droite, tandis que la gauche a critiqué la gestion de cette expulsion, accusant Retailleau de provocation.
Emmanuel Macron devra arbitrer entre ces positions divergentes

Jean-Noël Barrot a réaffirmé dimanche l’importance de préserver les relations franco-algériennes. « Ni la France ni l’Algérie n’ont intérêt à une crise durable », a-t-il déclaré dans un entretien, soulignant le caractère unique et profond de cette relation bilatérale. Il a également tenu à rassurer Alger en affirmant que les liens avec le Maroc ne se feraient pas au détriment de ceux avec l’Algérie, en référence à la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental le 31 juillet, décision qui avait conduit l’Algérie à rappeler son ambassadeur de Paris. Depuis, l’ambassade algérienne en France demeure sans représentant.
La crise s’est intensifiée avec l’arrestation en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal en novembre, ainsi que celle de plusieurs influenceurs algériens en France pour incitation à la haine et à la violence. Bien que Jean-Noël Barrot ait tendu la main à Alger, il a critiqué la décision algérienne de refuser l’expulsion de Doualemn, qualifiant cela de violation des accords bilatéraux. Il a aussi rappelé que des discussions au sommet, impliquant Emmanuel Macron et François Bayrou, sont prévues pour définir les mesures à adopter.
Cependant, des divisions au sein du gouvernement français compliquent la gestion de cette crise. Alors que Retailleau et une partie de la droite appellent à des représailles contre l’Algérie, d’autres, comme Barrot, privilégient une approche de dialogue. À gauche, Jean-Luc Mélenchon a affirmé son opposition à tout conflit avec l’Algérie. Emmanuel Macron devra arbitrer entre ces positions divergentes, avec des décisions qui pourraient soit aggraver la crise, soit amorcer un apaisement.
Jean-Noël Barrot a proposé de se rendre à Alger pour rétablir la coopération entre les deux pays et aborder tous les sujets sensibles, notamment la détention de Boualem Sansal, dont il juge les accusations infondées. Il s’est également inquiété de la santé et des conditions de détention de l’écrivain. Du côté algérien, la dernière déclaration officielle remonte au 11 janvier, lorsque le ministère des Affaires étrangères avait répondu au sujet du refus d’expulsion de Doualemn. Depuis, Alger reste silencieux, laissant planer l’incertitude sur l’évolution de cette crise.
Tant que la droite et l extrême droite sont au pouvoir en France il y aura souvent des malentendus entre la France et l Algérie