L’Algérie accuse les Émirats d’atteinte à son unité nationale. Une nouvelle étape dans la crise entre Alger et Abu Dhabi, alimentée par des tensions géopolitiques persistantes.
L’Algérie fustige une « escalade médiatique » des Émirats : les relations au plus bas
La télévision nationale algérienne a vivement critiqué, ce vendredi 3 mai, ce qu’elle qualifie de « dangereuse escalade médiatique » orchestrée par les Émirats arabes unis. Dans un éditorial au ton accusateur, le média public pointe une campagne ciblée contre l’unité et l’identité du peuple algérien, estimant qu’Abu Dhabi a franchi toutes les lignes rouges.
Les Émirats, qualifiés de « micro-État », sont accusés de chercher à gagner les faveurs de puissances hostiles à la stabilité de l’Algérie. Cette sortie intervient dans un contexte de tensions bilatérales persistantes, amorcées depuis plus de deux ans.
Géopolitique régionale : des divergences profondes
Plusieurs dossiers sensibles nourrissent ces crispations. En Libye, les Émirats soutiennent le maréchal Haftar, quand l’Algérie défend le Gouvernement d’Union Nationale reconnu par l’ONU. Au Soudan, Abu Dhabi appuie militairement le général dissident Hamiti, tandis qu’Alger soutient diplomatiquement le général Burhan.
La normalisation des relations entre les Émirats et Israël, ainsi que l’ouverture d’un consulat à Dakhla au Sahara occidental, ont été perçues à Alger comme des provocations directes. Le récent durcissement des conditions d’entrée pour les Algériens à Dubaï a encore accentué les tensions.
D’un partenariat stratégique à une crise ouverte
Les relations algéro-émiraties étaient pourtant florissantes sous la présidence de Bouteflika (1999–2019). Des investisseurs émiratis avaient alors bénéficié d’un large accès au marché algérien, y compris dans les secteurs sensibles comme l’armement, via des projets comme le blindé Namre ou le pistolet Caracal.
Mais certains de ces projets ont laissé un goût amer. Le fonds Dunia Parc, par exemple, a entraîné l’expropriation massive de terres au profit d’intérêts émiratis. Plus récemment, le fonds Emirates International Investment Company a remporté 280 millions de dollars en arbitrage international contre des institutions algériennes, cristallisant un contentieux profond.
Une rupture durable ?
L’éditorial de la télévision algérienne signe un nouvel épisode dans la dégradation des relations entre Alger et Abu Dhabi, sur fond de conflits d’intérêts géopolitiques, différences idéologiques et litiges économiques. Si les déclarations restent symboliques pour l’instant, elles témoignent d’un climat diplomatique tendu entre deux pays longtemps présentés comme frères mais désormais engagés dans une confrontation rampante.