Tensions inédites entre la France et l’Algérie : Paris expulse 12 diplomates algériens après l’arrestation d’un agent consulaire lié à l’enlèvement d’un opposant. La crise s’envenime.
France–Algérie : Paris rappelle son ambassadeur et expulse 12 diplomates algériens après une nouvelle escalade
Les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie ont franchi un nouveau cap. Mardi 7 mai 2025, Paris a annoncé le rappel de son ambassadeur et l’expulsion de 12 diplomates algériens, en réponse à une décision similaire prise plus tôt par Alger. Une crise sans précédent depuis l’indépendance algérienne en 1962. L’escalade actuelle trouve son origine dans l’arrestation d’un agent consulaire algérien à Paris, soupçonné d’implication dans l’enlèvement d’Amir DZ, un célèbre opposant algérien exilé et influent sur les réseaux sociaux.
L’influenceur avait été brièvement porté disparu en avril 2024, avant d’être retrouvé vivant dans une forêt. Paris soupçonne les services algériens d’avoir orchestré cette opération. La réaction d’Alger a été immédiate : 12 diplomates français ont été expulsés. Le président Emmanuel Macron a qualifié cette mesure d’« injustifiée et incompréhensible », tandis que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau dénonçait l’Algérie comme une « menace sécuritaire sur le territoire français ».
La diplomatie en échec malgré les tentatives d’apaisement
Ce n’est pas la première tension entre les deux pays. En février 2025, Bruno Retailleau avait déjà accusé Alger de ne pas coopérer dans les procédures d’expulsion, notamment après une attaque meurtrière à Mulhouse impliquant un ressortissant algérien.
Des efforts récents semblaient pourtant vouloir rapprocher les deux capitales. Emmanuel Macron avait eu un entretien jugé constructif avec le président Tebboune. Jean-Noël Barrot, chef de la diplomatie française, s’était rendu à Alger début mai pour tenter de relancer le dialogue. Mais la nouvelle affaire consulaire a tout fait basculer.
Un climat empoisonné par des désaccords géopolitiques
Les relations se sont également tendues depuis que France a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, une décision vivement rejetée par Alger, soutien indéfectible du Front Polisario. La récente condamnation du romancier Boualem Sansal à cinq ans de prison pour « atteinte à la sécurité nationale » a aussi ravivé les critiques sur les dérives autoritaires du régime algérien, compliquant davantage les relations.

La France a rappelé son ambassadeur Stéphane Romatet, qui devrait revenir à Paris dans les 48 heures, selon Jean-Noël Barrot. Ce dernier affirme que le dialogue devra « tôt ou tard » reprendre, mais sous condition d’un rapport de force plus équilibré. Pour l’instant, les relations bilatérales sont gelées, et les observateurs redoutent une crise durable, dans un contexte déjà fragilisé par des enjeux migratoires, sécuritaires et historiques.