Francetvinfo – L’Algérie traverse une grave crise économique renforcée par une crise alimentaire qui pénalise la population. Les prix explosent alors que le gouvernement veut abandonner le principe des produits de première nécessité subventionnés.
Le blé est un élément essentiel de l’alimentation algérienne. Il est aussi un élément fondamental de la paix sociale. Si la céréale vient à manquer, que les prix grimpent, la grogne gagne la rue… ou pire. L’Algérie a importé plus de 300 000 tonnes de céréales de France lors de la campagne 2020-2021, étant ainsi le premier débouché hors Union européenne de l’Hexagone. Pour l’exercice en cours, l’Algérie devrait consommer 11 millions de tonnes de blé alors qu’au Maroc, les prévisions tournent autour de 10 millions de tonnes selon l’USDA, le département américain de l’agriculture.
Plus globalement, l’institution estime que l’Afrique du Nord émergera durant ladite saison comme le premier pôle d’importation mondial de blé avec 29,4 millions de tonnes de la céréale.
Crise de la pomme de terre
La pomme de terre constitue l’autre pilier du déjeuner algérien. Et dans ce domaine aussi, la disponibilité est garante de la tranquillité du pays. Or ces dernières semaines, l’offre en tubercule a été sévèrement chahutée et les prix ont atteint des sommets. 60, 90, 100, jusqu’à 140 dinars le kilo (0,89 euro). Un prix exorbitant pour un pays où le salaire minimum n’atteint pas les 20 000 dinars par mois (130 euros). Le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a annoncé que le pays va avoir recours à des importations et imposer un prix fixe de 50 dinars le kilo (0,30 euro).
L’envolée du prix de la pomme de terre s’explique par différents facteurs. Déjà, la monnaie algérienne se déprécie face aux autres devises et les intrants comme les semences ou les engrais coûtent plus chers. Les engrais sont ainsi passés de 3 700 à 8 000 dinars (50 euros) le quintal. L’utilisation de semences locales pour tenter de réduire la facture à l’importation n’a pas eu le succès espéré. Les rendements ont en effet été réduits de moitié pour les semences locales.
Un prix réglementé alors que le pays se lance dans une vaste libération des prix des produits jugés de première nécessité : eau, pain, semoule, farine, etc. En tout 15 milliards d’euros de subventions que le budget de l’Etat ne pouvait plus supporter.