Face à une grave crise hydrique, l’Algérie mise sur le dessalement et de grands projets d’infrastructures pour sécuriser l’accès à l’eau potable. Défis, enjeux et solutions face au stress hydrique dans la région MENA.
Crise de l’eau en Algérie : Défis et solutions
Dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA), qui héberge près de 6 % de la population mondiale, les ressources en eau renouvelable représentent moins de 2 % du total mondial. Un rapport récent de la Banque mondiale met en lumière ce déficit hydrique, faisant de cette zone la plus aride du globe.
Parmi les douze pays les plus concernés par le stress hydrique, on trouve l’Algérie, la Tunisie, la Libye et plusieurs monarchies du Golfe. Avec 1 200 m³ d’eau par habitant annuellement, la région dispose de six fois moins d’eau que la moyenne mondiale de 7 000 m³. Cette situation pourrait empirer et entrainer une crise avec une croissance démographique rapide et une augmentation de la consommation d’eau, réduisant potentiellement ce volume de moitié d’ici 2050.
L’Algérie investit dans le dessalement
Un paradoxe alarmant émerge, puisque certains des pays les plus pauvres en eau enregistrent les taux de consommation les plus élevés. Le Koweït, par exemple, utilise 2 465 % de ses ressources renouvelables, suivi de l’Arabie saoudite avec 943 % et Bahreïn avec 220 %. Pour pallier ce déséquilibre entre l’offre et la demande, la région génère plus de 75 % de l’eau dessalée consommée mondialement. L’Algérie, consciente des enjeux de sécurité hydrique, a lancé une politique ambitieuse de dessalement de l’eau de mer, investir 2,4 milliards de dollars pour construire cinq nouvelles usines.
Face à une crise d’eau : Stratégies pour un approvisionnement durable
D’ici 2026, l’Algérie prévoit de construire six stations de grande capacité, offrant chacune 300 000 m³ par jour à des sites comme Skikda, Jijel, Tizi Ouzou, Chlef, Mostaganem et Tlemcen. Un projet d’interconnexion de 18 wilayas est en cours d’étude pour garantir un approvisionnement en eau potable fiable. En février, le président Abdelmadjid Tebboune a inauguré l’usine « Fouka 2 », suivie de « Cap Djinet 2 » en mars. Des infrastructures supplémentaires, telles que l’usine « Ras El Beïda » à Oran et « Koudiet Draou » à El Tarf, ont renforcé le réseau hydraulique national.
Ces initiatives reflètent une volonté nationale de sécuriser à long terme l’accès à l’eau, d’atténuer la dépendance aux ressources naturelles limitées et de s’adapter aux changements climatiques. Dans ce contexte régional de raréfaction de l’eau, l’Algérie vise à anticiper plutôt qu’à subir la crise, s’engageant à assurer l’accès à l’eau potable pour sa population, malgré la sécheresse et la démographie croissante.