Les terrasses des bars et restaurants s’apprêtent à rouvrir ce mercredi 19 mai, tandis que le virus circule activement sur le territoire. 140 cas positifs au Covid-19 pour 100.000 habitants sont toujours enregistrés selon Santé Publique France, le seuil d’alerte étant à 50. Mais « c’était la mesure la plus ‘rentable’ pour permettre à la population de se retrouver en prenant le minimum de risques », estime auprès de LCI Mircea Sofonea, spécialiste en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses.
L’épidémiologiste compte sur une campagne de vaccination bien amorcée – 20 millions de primo-vaccinés au 15 mai – pour limiter les risques de contamination en terrasse. Un bémol néanmoins : « 20% d’entre eux seulement bénéficient d’une immunité maximale puisqu’il faut attendre au moins deux semaines après la première injection », souligne son confrère Philippe Amouyel, professeur de Santé publique au CHU de Lille. Ainsi, se retrouver entre amis en terrasse pourrait comporter des risques en raison des aérosols potentiellement infectés – engendrés par la parole, les rires ou encore les toussotements – présents dans l’atmosphère. Ces micros gouttelettes stagnent dans l’air et peuvent se transmettre même en extérieur.
En cela, les deux spécialistes s’accordent à dire que l’application des gestes barrières en terrasse (porter un masque, se laver les mains, maintenir une distance physique) reste fondamentale pour ne pas voir l’épidémie repartir à la hausse. « Si chacun prend ses responsabilités, nous pouvons imaginer que les terrasses de restaurant ne seront pas trop contaminantes », assure Philippe Amouyel. Ainsi, « nous pouvons accueillir avec joie cette réouverture, mais dans la retenue », dit-il. Afin de ne pas réitérer les erreurs sanitaires qui ont précédé le deuxième confinement fin octobre dernier, »nous devons continuer à nous faire vacciner, à nous faire tester négatifs avant de rejoindre nos amis, et à porter notre masque à chaque fois que l’on ne boit pas et ne mange pas ». Autre recommandation : éviter de faire des terrasses des lieux bruyants avec de la musique, ce qui obligerait les clients à élever la voix et donc à potentiellement se contaminer par voie balistique (postillons), ou encore de rejoindre des groupes d’amis différents tous les soirs. « Il est préférable de limiter les brassages », note Mircea Sofonea, pour qui « nous pourrons faire un premier bilan dans 15 jours ».
Vingt fois moins de contaminations en extérieur
Antoine Flahault, directeur de la santé mondiale de l’Université de Genève, se veut encore plus rassurant. Les probabilités de contamination en terrasses sont faibles : on se contamine vingt fois moins en extérieur qu’en intérieur, précise-t-il. « Sous réserve que ce soit vraiment des terrasses à l’air libre, et pas des terrasses sous des bâches qui en deviennent des espaces fermés. » Le spécialiste a d’ailleurs partagé sur Twitter une astuce pour savoir si la terrasse dans laquelle on se trouve est suffisamment ventilée : Le vrai combat, ce sera quand les restaurants ouvriront en intérieur et qu’il faudra mettre en place des systèmes performants d’aération, ajoute Antoine Flahault. Mais pour l’heure, il ne faut pas trop embêter les Français avec les terrasses. Depuis plusieurs semaines, les patrons de restaurants s’emploient à tout mettre en œuvre pour limiter ces risques de contamination entre consommateurs : distance réglementaire entre chaque table, groupes de six personnes maximum, gel hydroalcoolique à disposition ou encore paiement de l’addition assis pour ne pas déambuler dans l’établissement. Reste à la population à ne pas enfreindre ces quelques règles afin d’éviter une quatrième vague épidémique l’été prochain. L’autre risque à éviter, c’est que les gens passent de la terrasse à chez eux pour continuer la soirée, conclut le Pr Philippe Amouyel.