L’annulation d’une cérémonie en hommage aux victimes algériennes des massacres du 8 mai 1945 à Paris relance le débat sur la reconnaissance des crimes coloniaux par la France.
Une cérémonie annulée qui révèle un malaise profond dans la mémoire française
Prévue ce 8 mai 2025 au Mont Valérien, une cérémonie en hommage aux victimes des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata a été annulée au dernier moment. Cette initiative, portée par un collectif d’élus de divers horizons, visait à reconnaître officiellement un pan tragique de l’histoire coloniale française, au nom des victimes algériennes tombées alors même que le monde célébrait la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les organisateurs avaient sollicité le parrainage du président Emmanuel Macron, sans succès. Ce refus, suivi de l’annulation de l’événement, a été perçu comme un recul symbolique, malgré les gestes mémoriels précédents de la France en Algérie depuis 2005.

Yazid Sabeg appelle à une reconnaissance équivalente à celle accordée aux Juifs et aux Arméniens
Yazid Sabeg, ancien commissaire à la diversité et natif de Guelma, dénonce cette décision comme une volonté de refuser d’assumer une part douloureuse de l’histoire nationale. Pour lui, la France doit avoir le même courage mémoriel que celui manifesté pour les Juifs et les Arméniens. Il réclame la reconnaissance des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis en Algérie, affirmant qu’un acte fort est nécessaire pour apaiser les mémoires et engager une véritable réconciliation. Selon lui, cette frilosité est dictée par la peur de heurter les courants hostiles à toute reconnaissance du passé colonial, qualifiés de « nouveaux gardiens de la mémoire étroite ».