Acquérir un visa pour la France quand on est en Algérie s’apparente désormais à une épreuve très difficile, en particulier pour obtenir un rendez-vous afin de soumettre sa demande. Bien que les démarches officielles paraissent simples, la pratique révèle un tout autre scenario : obtenir un rendez-vous se transforme en un défi majeur, conduisant de nombreux Algériens vers un marché noir en plein essor.
Ce marché illégal, qui opère tant sur internet que dans les rues, voit des intermédiaires revendre les créneaux à des tarifs exorbitants. Le désir de migrer vers l’Europe se convertit en une activité profitable, tirant profit de la détresse de ceux aspirant à émigrer.
Un système de prise de rendez-vous qui ne fonctionne pas correctement
Depuis plusieurs années, en Algérie, la gestion des demandes de visa pour la France a été déléguée à des entreprises privées telles que TLS Contact et VFS Global. Ces sociétés gèrent les prises de rendez-vous pour le dépôt des dossiers, un système qui a suscité de nombreuses frustrations parmi les Algériens. Le site web pour réserver un rendez-vous est régulièrement saturé, les créneaux étant pris en quelques minutes seulement.
Nombreux sont ceux qui critiquent la lenteur et l’inefficacité du processus, avec des rapports fréquents sur l’incapacité d’obtenir un rendez-vous pendant des mois. En conséquence, un marché noir s’est développé où des créneaux, normalement gratuits sur les sites officiels, sont captés et revendus à des prix élevés par des intermédiaires. Selon une enquête de France Info, sur des plateformes comme Ouedkniss ou via les réseaux sociaux tels que Facebook et TikTok, des centaines d’offres de rendez-vous sont vendues pour jusqu’à 20 000 dinars algériens (environ 138 euros), un montant qui dépasse souvent le salaire minimum local.
Ces intermédiaires, qui incluent des agences de voyage et des cybercafés, offrent leurs services moyennant des frais et certains n’hésitent pas à promouvoir ouvertement ces pratiques en ligne, se vantant de leur capacité à obtenir ces créneaux convoités. Les prix de ces services peuvent varier, atteignant parfois jusqu’à 35 000 dinars (environ 242 euros), largement au-dessus du salaire minimum en Algérie.
Des méthodes douteuses pour obtenir les créneaux
Les intermédiaires ne se limitent pas à l’achat de créneaux sur les sites officiels. Ils emploient des tactiques douteuses, telles que l’utilisation de bots ou de scripts, pour contourner les restrictions des plateformes de rendez-vous. Ces outils, disponibles sur des plateformes telles que Telegram, informent immédiatement les revendeurs lorsqu’un créneau se libère, leur donnant un avantage significatif sur les autres utilisateurs.
Ces méthodes automatisées rendent ce marché noir non seulement efficace, mais également illégal et dangereux pour ceux qui y participent.
Capago pour résoudre le problème ?
Le phénomène du marché noir pour l’obtention de visas en Algérie ne pose pas seulement un problème aux Algériens aspirant à se rendre en France, mais nuit aussi à la réputation du dispositif français de traitement des visas. Les autorités, conscientes de ce problème, intensifient leurs communications sur les médias sociaux pour alerter les citoyens. Toutefois, ces efforts semblent dérisoires face à la grande envergure de cette pratique illégale.
Dans une tentative de remédier à la situation, un nouvel acteur, Capago, sera en charge de l’organisation des rendez-vous dès le 8 avril 2025, dans l’espoir de mieux réguler le processus et de réduire l’influence du marché noir. Reste à savoir si cette mesure sera suffisante pour mettre fin à ce commerce illicite qui tire parti du désordre actuel.