Au moment où le secteur des hydrocarbures affronte une crise multidimensionnelle, baisse des recettes en devises à l’exportation, chute drastique de la production nationale, la Sonatrach s’est vidée dangereusement de plusieurs de ses compétences en une seule année. En effet, depuis février 2020, date à laquelle l’actuel PDG Toufik Hakkar est arrivé aux commandes de la compagnie, près de 100 cadres dirigeants de Sonatrach ont victimes d’une purge menée tambour battant sans tenir compte des intérêts commerciaux et stratégiques du groupe.
Oui, près de 100 cadres limogés depuis février 2020 et parmi lesquels de nombreux ingénieurs et experts expérimentés dans le secteur de la production ou l’exploration de nouvelles réserves des hydrocarbures. 100 cadres contraint à quitter Sonatrach et parmi lesquels de nombreux connaisseurs avertis des affaires commerciales et des nuances complexes du marché mondial des hydrocarbures. En clair, c’est un véritable gâchis car pour affronter l’actuelle crise financière qui la frappe de plein fouet, la Sonatrach avait besoin de toutes ses compétences et ses dirigeants les plus expérimentés.
En se privant de l’expérience de ses compétences avérées dans plusieurs départements névralgiques, l’amont, l’aval ou la direction commerciale, la Sonatrach a encaissé des pertes financières colossales face aux chocs extérieurs nés dans le sillage de la COVID-19. Preuve en est, en 2020, les exportations de Sonatrach n’ont pas dépassé les 20 milliards de dollars, une chute historique de plus de 13 milliards de dollars par rapport au bilan des exportations en 2019. Et cette année 2021, dans ses prévisions les plus optimistes, la Sonatrach envisage d’exporter à peine 23,6 milliards de dollars. Une très mauvaise performance qu’elle ne risque même pas de réaliser à cause de l’actuel mauvais management de la compagnie déterminée par les éternels luttes claniques auxquelles se donnent Toufik Hakkar qui se préoccupe davantage de la promotion de ses proches et fidèles de son clan que de la défense des intérêts suprêmes du seule secteur qui procure plus de 92 % des recettes en devises du pays.
Et ce « clanisme » continue de faire profondément mal à Sonatrach. Pour preuve, depuis le début de ce mois de mai, à l’Activité Transport par Canalisation (TRC), une vingtaine de cadres dirigeants ont été suspendus et relevés de leurs fonctions pour être remplacés par de nouveaux dirigeants dont le parcours et le niveau de connaissance des problématiques de l’activité TRC sont jugés par nos sources « dérisoires ».
Il est à signaler que ces changements ont touché la direction HSE, la direction informatique, la direction administrations et finances, la direction télécom, la direction exploitation, la direction des nouveaux projets, la Direction des Gazoducs Enrico Mattei(GEM) située à Bir El Ater, Wilaya de Tébessa ainsi que Direction Gazoduc Pedro Duran Farell (GPDF) à Beni-Saf dans la wilaya de Tlemcen, il s’agit du gazoduc international qui part du gisement Hassi R’mel et rejoint Cordoue en Espagne en traversant le détroit de Gibraltar. Toutes ces directions ont connu des changements brusques qui obéissent uniquement à des critères claniques sans aucune relation avec la compétence ou la méritocratie. Qui assumera ensuite les dégâts de ces décisions mercantiles sur les bilans financiers de Sonatrach ?