Algerie Part Plus – La libération de pas moins de 101 détenus d’opinion décidée par la Présidence de la République ce mercredi 14 juillet n’est pas un geste fortuit ou innocent. Il s’agit d’une « mesure d’apaisement » qui a été adoptée en raison des pressions qui ne cessent de monter crescendo sur le pouvoir algérien depuis le début des émeutes et protestations violentes au sud du pays, a pu confirmer Algérie Part auprès de plusieurs sources concordantes bien introduites au sein du sérail algérien.
La situation est particulièrement inquiétante au sud du pays. Depuis plus d’une semaine, de violentes émeutes ont éclaté dans de nombreuses localités de la wilaya d’Ouargla. Depuis plus de 48 heures, ces protestations violentes orchestrées par des centaines de jeunes chômeurs désespérés et révoltés par la précarité qui les martyrise au quotidien se sont étendus à plusieurs autres wilayas du sud. Ghardaia, El-Oued, Illizi, In Salah, dans toutes ces régions, des jeunes chômeurs brulent des pneus, élèvent des barricades fumantes, « coupent » les routes et bloques la circulation routière à plusieurs accès très fréquentés, caillassent le mobilier urbain et affrontent sans aucune réticence les forces de sécurité notamment les forces anti-émeutes qui sont mobilisées quotidiennement dans plusieurs localités de ces régions qui sont secouées par un mouvement de protestation de grande ampleur.
Et cette ampleur préoccupe réellement les dirigeants algériens et toutes les autorités suprêmes de l’Etat central à Alger, confirment nos sources. Les bulletins de renseignements quotidiens, les fameux BRQ, communiqués par divers services de sécurité à la Présidence de la République et à l’Etat-Major de l’ANP confirment un immense sentiment de colère qui anime de grandes franges de la population à Ouargla, ses diverses localités comme Hassi Messaoud et les régions environnantes comme In Salah, El-Oued ou Ghardaia. Ces BRQ prévoient bel et bien l’expansion de ces violents mouvements de colère populaire à plusieurs autres wilayas qui souffrent des mêmes maux que la wilaya d’Ouargla. Laghouat, Tamanrasset et d’autres agglomérations peuvent rejoindre ces protestations violentes dans les jours à venir, expliquent ces BRQ. Nos sources assurent également que les rapports sécuritaires mettent en exergue les graves conséquences sur la stabilité du pays de la détresse sociale et l’appauvrissement accéléré des populations du sud.
La grosse colère des jeunes de plusieurs wilayas du sud représentent bel et bien une bombe à retardement qui pourrait exploser à la figure des autorités algériennes d’autant plus que le pays patine dans une lancinante crise financière et la marge de manoeuvre de l’Etat est de plus en plus limitée face aux problèmes délicats des populations des régions les plus déshéritées.
Face à ce contexte bouillonnant, plusieurs conseillers au Palais Présidentiel d’El-Mouradia ont suggéré fortement à Abdelmadjid Tebboune de prendre rapidement des « mesures d’apaisement » afin de calmer un tant soit peu la colère populaire et de limiter au maximum les effets de « contagion » de ces mouvements de révolte au reste des wilayas du territoire national. C’est à partir de ces propositions que le locataire du Palais d’El-Mouradia, Abdelmadjid Tebboune, a décidé de remettre en liberté un nombre important de détenus d’opinion. Mais cette « mesure d’apaisement » pourra-t-elle suffire réellement pour éviter un embrasement général à travers le pays si les flammes qui consument les régions du sud s’étendent à tout le territoire national ?