Depuis plusieurs mois, une question revient régulièrement dans les discussions économiques en Algérie : un changement de monnaie est-il vraiment en préparation ? Et surtout, que cela signifie-t-il pour les citoyens, les entreprises et l’avenir économique du pays ?
Qu’entend-on exactement par « changement de monnaie » ?
On ne parle pas ici de passer à l’euro ou à une cryptomonnaie. Le changement de monnaie dans le contexte algérien évoque plutôt une refonte du dinar. Cela peut prendre plusieurs formes :
- Changer les billets en circulation
- Modifier la valeur faciale (par exemple, retirer des zéros)
- Réévaluer ou dévaluer la monnaie
Ce type de réforme monétaire est assez rare, mais certains pays y ont déjà eu recours, notamment lorsqu’ils font face à l’inflation, à l’économie informelle ou pour renforcer la confiance du public dans la monnaie nationale.
Pourquoi l’Algérie envisagerait une telle mesure ?
La première chose à comprendre, c’est que le dinar algérien a perdu beaucoup de sa valeur ces dernières décennies. L’inflation chronique, les déficits publics importants et la domination de l’économie informelle ont fragilisé la monnaie.
Voici quelques raisons pour lesquelles un changement de monnaie est posé sur la table :
- Lutter contre le marché parallèle : Un renouvellement de la monnaie obligerait ceux qui détiennent de grosses sommes non déclarées à les remettre dans le circuit bancaire pour les échanger.
- Réduire le poids de la monnaie fiduciaire : Aujourd’hui, une grande partie des transactions se fait encore en espèces.
- Renforcer la transparence : Cela pourrait aider à mieux contrôler les flux financiers.
- Stimuler l’économie formelle : En obligeant la population à déposer leur argent dans les banques, on pourrait accroître le financement des projets d’investissement.
Mais attention, ce n’est pas une décision anodine. Elle demande une très grande organisation et peut faire peur aux citoyens.
Quels seraient les impacts d’un changement de monnaie pour les Algériens ?
Côté positif, cette réforme pourrait stabiliser l’économie à long terme. Elle forcerait une partie de l’économie informelle à se formaliser, ce qui élargirait la base fiscale et permettrait à l’État de mieux planifier ses ressources.
Mais il y a aussi des risques et des défis importants :
- Perte de confiance : Si les gens ne comprennent pas pourquoi le changement a lieu, ils pourraient perdre confiance dans la monnaie.
- Risque de panique : Sans communication claire, il y a une possibilité que les citoyens se précipitent pour retirer ou échanger leur argent, ce qui pourrait perturber le système bancaire.
- Coûts logistiques élevés : Imprimer de nouveaux billets, adapter les distributeurs et former les commerçants prend du temps et de l’argent.
Un autre point sensible concerne les économies en dinars gardées « sous le matelas ». Beaucoup d’Algériens gardent leur argent en liquide, en dehors du circuit bancaire. Les forcer à le déclarer pourrait bien sûr assainir l’économie, mais cela peut aussi créer un sentiment d’injustice ou nourrir la méfiance.
Et les entreprises dans tout ça ?
Les entreprises, en particulier les PME, pourraient elles aussi être fortement impactées. Un changement de monnaie implique une adaptation comptable, la mise à jour des systèmes informatiques et une communication claire avec les clients et fournisseurs.
Mais cela pourrait aussi être une opportunité. Si la réforme est bien cadrée, elle pourrait :
- Faciliter l’accès au crédit : En ramènent plus d’argent dans les banques, celles-ci auraient plus de marge pour financer les projets.
- Améliorer la compétitivité des entreprises locales : Une monnaie plus stable rassure les partenaires étrangers.
En somme, tout dépendra de la manière dont la réforme est menée : avec ou sans concertation, sur fond de crise ou de relance économique.
Des exemples ailleurs dans le monde
L’idée d’un changement de monnaie n’est pas propre à l’Algérie. Plusieurs pays y ont eu recours, souvent dans des contextes de crise :
- Turquie : En 2005, elle a supprimé six zéros sur sa monnaie. Cela a permis de simplifier les transactions et améliorer l’image de la monnaie.
- Zimbabwe : Dans les années 2000, le pays a souffert d’une hyperinflation record. Malgré plusieurs changements de monnaie, la perte de confiance a été durable.
- Union européenne : Le passage à l’euro est un exemple réussi, mais très encadré et après des années de préparation.
Ce qu’on peut en retenir, c’est que la réussite dépend d’une gouvernance rigoureuse et d’une adhésion forte de la population.
Alors, à quoi faut-il s’attendre en Algérie ?
Pour le moment, aucune décision officielle n’a été annoncée. Mais plusieurs responsables économiques et experts en parlent dans les médias. Le sujet est sensible, car il touche directement au portefeuille des citoyens et à la stabilité du pays.
Si un changement devait avoir lieu, il faudra que le gouvernement assure :
- Une transparence totale sur les objectifs et le calendrier
- Une large campagne d’information pour rassurer la population
- Des garanties juridiques pour éviter les abus et la spéculation
En résumé, changer la monnaie en Algérie pourrait être une chance de repartir sur des bases plus solides, à condition que les choses soient faites intelligemment.