À Montréal au Canada, des travailleurs migrants, dont des Algériens, dénoncent l’exploitation par une agence de placement. L’affaire Iris soulève de graves lacunes dans la protection des droits des migrants.
Canada : Des travailleurs migrants brisés par un système abusif
Le 5 mai 2025, des dizaines de travailleurs migrants, notamment algériens, ont manifesté à LaSalle devant les locaux de l’agence de placement Iris pour dénoncer des conditions de travail jugées inhumaines. Heures non payées, absence de contrats, fiches de paie invisibles et menaces d’expulsion sont autant d’abus que ces travailleurs disent subir depuis des mois. Malgré les plaintes déposées dès 2024, l’agence a continué ses activités sans entrave. Il aura fallu une enquête du journal Le Devoir et l’intervention du ministre du Travail pour que la CNESST réagisse enfin, en retirant à Iris ses permis d’opérer.
Parmi les victimes, Fouad, un Algérien de 30 ans, raconte avoir payé 1 250 dollars pour un permis de travail qui n’a jamais débouché sur un emploi stable. Livré à lui-même, il a dû démarcher des employeurs pour le compte de l’agence, sans encadrement ni suivi.

Des carences institutionnelles au cœur du scandale
Cette affaire illustre les failles structurelles du système canadien de recrutement étranger, censé être encadré par des permis délivrés depuis 2020. Pourtant, comme le souligne le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI), de nombreuses agences opèrent sans réel contrôle, exploitant la vulnérabilité des migrants. Le directeur d’Iris, Dieudonné Nidufasha, est poursuivi pour près de 100 000 dollars de salaires impayés, un chiffre qui ne représente qu’une partie des pertes.
Si la suspension d’Iris constitue une première victoire, l’avenir reste sombre pour les travailleurs concernés. Beaucoup risquent l’expulsion, faute de régularisation, et demandent désormais justice devant les tribunaux. Ce scandale pousse le Canada à revoir ses mécanismes de protection, dans un contexte où des milliers de migrants continuent d’arriver chaque année à la recherche de meilleures conditions de vie.