En France, la critique persistante envers l’islam et les musulmans continue de faire surface. Les controverses récurrentes, concernant notamment le port du voile à l’école et dans les activités sportives, ainsi que pendant le Ramadan, ne cessent de se multiplier.
Dans un contexte avec lequel le pays est confronté à d’importants défis socio-économiques, une fraction des politiques et des médias semble détourner son attention vers les musulmans et leur foi. Récemment, les discussions se sont concentrées sur le port du voile lors des compétitions sportives. Cette situation a été mise en lumière lors d’une émission sur Radio Nova où l’animateur a souligné les problèmes majeurs auxquels la France doit faire face, comme les 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté et les 3000 enfants sans-abri.
Puis, une alerte de dernière minute a été annoncée de manière ironique : « Une femme voilée a tenté de jouer au football ». Bien que cette mise en scène soit exagérée, elle reflète l’attitude de certains secteurs de la société française, de certains médias et des milieux extrémistes. Les questions touchant à l’islam, aux musulmans, à l’immigration ou à l’Algérie tendent parfois à occulter d’autres actualités, y compris les sujets sérieux et urgents. En France, le débat sur le voile à l’école persiste depuis près de deux décennies et s’est étendu récemment au domaine sportif.
Certains politiques, dont la tâche est de résoudre les problèmes des citoyens, refusent à des jeunes filles le droit de courir ou de jouer au football avec un voile. Une loi proposée par les Républicains, visant à interdire le port du voile durant les compétitions sportives, y compris amateur, a été adoptée par le Sénat en février dernier et attend maintenant l’approbation de l’Assemblée nationale. Amnesty International a critiqué cette loi comme étant « discriminatoire ».
Ce discours, porté par l’extrême-droite, est désormais ouvertement soutenu par des membres du gouvernement, comme illustré par un échange marquant en février dernier entre le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et une lycéenne voilée sur un plateau télévisé. Bien sûr, il ne faut pas considérer que toute la France est hostile à l’islam. Plusieurs personnes élèvent leur voix pour critiquer la persécution des musulmans et l’obsession sur des détails mineurs plutôt que sur des enjeux majeurs.
Tedy Riner, judoka français décoré 11 fois champion du monde et quintuple médaillé d’or olympique, a exprimé son soutien aux athlètes musulmanes désirant porter le voile durant les compétitions. « À mon avis, nous perdons notre temps en France. Concentrons-nous davantage sur l’égalité au lieu de cibler constamment une seule religion », a-t-il déclaré le dimanche 23 mars sur RMC, soulignant que dans d’autres pays, le port du voile en sport n’est pas problématique.
Bruno Retailleau a réagi à ces propos. « Teddy Riner m’a ému en tant que sportif, mais je suis totalement en désaccord avec lui », a répondu le ministre de l’Intérieur mardi sur Europe 1, affirmant que « le voile n’est pas un symbole de liberté, mais de soumission » et « marque l’infériorisation de la femme ».
Néanmoins, plusieurs figures publiques, telles que l’acteur Omar Sy ou le vidéaste Thibo InShape, ont soutenu le judoka. Ce dernier a notamment tweeté, dans un message vu presque 3 millions de fois, que « chacun devrait pouvoir pratiquer un sport avec l’habit de son choix : croix, kippa ou voile. » Au-delà du débat sur le voile, les musulmans font face à d’autres critiques. Durant le Ramadan, ils ont été faussement accusés sur BFMTV d’être responsables d’une pénurie d’œufs dans les supermarchés.
Le Ramadan a également été le prétexte pour controverser la pause des matchs de football permettant aux joueurs de rompre le jeûne, une mesure que la fédération française de football refuse d’adopter, contrairement à d’autres en Europe.