Dix ans de prison requis contre Boualem Sansal. En pleine audience, l’écrivain algérien ose une réplique cinglante à la juge. Révélations exclusives sur un procès qui scandalise intellectuels et citoyens.
« En quoi c’est insultant ? » : Le face-à-face tendu entre Boualem Sansal et la juge
Ce mardi matin, dans une salle tendue de la cour criminelle d’Alger, Boualem Sansal, seul face à la justice, a jeté un pavé dans la mare. Le célèbre écrivain algérien, sans ses avocats empêchés d’assister au procès, a répondu sans détours aux accusations portées contre lui. Dix ans de prison ferme ont été requis. Motif ? Des messages jugés irrespectueux retrouvés sur son téléphone et ses critiques ouvertes à l’égard du pouvoir.
Devant une magistrate visiblement déterminée à recadrer l’auteur, l’échange devient électrique. À la remarque : « Il ne faut pas se moquer des symboles de la République », Sansal rétorque calmement, mais fermement : « En quoi je me suis moqué ? » Quand la juge cite un message adressé à un ex-ambassadeur de France – « Heureusement que nous avons le pétrole et Chengriha » –, il insiste : « En quoi c’est insultant ? » Silence gênant dans la salle.
« Vous n’avez pas à juger mes livres » : le cri de révolte d’un écrivain acculé
Le ton monte quand la juge l’interpelle sur ses écrits : « Pourquoi vous n’écrivez pas autre chose ? »
Boualem Sansal, indigné, défend sa plume et sa liberté : « Vous n’avez pas à juger mes livres. »
Il rappelle que sa participation à un Salon du livre en Israël était culturelle, non politique. Et il martèle que la liberté d’expression est garantie par la Constitution. Mais rien n’y fait. Le procureur, implacable, réclame dix ans de réclusion et une amende d’un million de dinars.
Une affaire qui dépasse la justice : pression politique, visa bloqué et diplomatie silencieuse
Fait troublant : l’avocat français de Sansal n’a pas pu se rendre à Alger. Le visa, pourtant soutenu par le bâtonnier et plusieurs institutions, aurait été bloqué à haut niveau. Selon Le Point, la présidence algérienne aurait directement mis la main sur le dossier.
Certains analystes voient dans cette affaire une manœuvre politique, d’autres un symbole du durcissement des libertés. Le procès de Sansal rappelle étrangement celui de l’influenceur Amir DZ, où critique et institution se heurtent frontalement. « Je proteste, ce que vous dites n’a pas de sens », conclut l’auteur face à la cour.
Verdict attendu le 1er juillet. L’Algérie jugera-t-elle un homme ou une liberté ?
En attendant, Boualem Sansal reste derrière les barreaux. L’onde de choc, elle, continue de traverser les frontières. Entre soutien littéraire, diplomatie en coulisse et opinion publique sous tension, ce procès pourrait bien devenir un tournant dans l’histoire des libertés en Algérie.