Alors qu’il est toujours derrière les barreaux en Algérie, l’écrivain Boualem Sansal se voit honoré par la France. Cholet lui consacre une place, en plein bras de fer diplomatique.
Cholet ose : une place Boualem Sansal inaugurée en pleine tourmente politique
Un mois après lui avoir décerné l’un des prix littéraires les plus prestigieux, la France frappe fort. Ce lundi matin, la ville de Cholet (Maine-et-Loire) a officiellement inauguré une place au nom de Boualem Sansal, l’écrivain algérien détenu depuis novembre 2024. Le geste est fort. Il est aussi symbolique. Et surtout, il intervient en plein bras de fer entre Paris et Alger.
La décision, votée lors du conseil municipal du 14 avril, a été concrétisée par une cérémonie solennelle, présidée par le maire Gilles Bourdouleix. « Cholet est la première ville en France à exprimer son soutien à Boualem Sansal en lui dédiant une place, alors qu’il est emprisonné depuis sept mois », a affirmé la mairie sur ses réseaux. La place, jusqu’alors anonyme, est désormais un espace de mémoire… et de résistance.
Prison, cancer et appel : l’écrivain lutte sur tous les fronts
Sansal, 75 ans, a été condamné à cinq ans de prison ferme pour atteinte à la sûreté de l’État. Le verdict est tombé en mars dernier, après près de quatre mois de détention provisoire. Il a choisi de se défendre seul, sans avocat. Une décision qui a surpris. Et qui pourrait lui coûter cher.
Son procès en appel est prévu le 24 juin, après un report annoncé le mois dernier. Le parquet algérien réclame, lui, 10 ans de prison. Pendant ce temps, la santé de Sansal se détériore : il est atteint d’un cancer, ce qui pousse la France à hausser le ton.
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a lancé un appel poignant sur France Inter. Il demande aux autorités algériennes un « geste d’humanité » envers un homme « affaibli », mais dont la parole libre continue de déranger.
La France honore, l’Algérie enferme : un écrivain, deux visions
Le 21 mai dernier, Boualem Sansal recevait le prix mondial Cino Del Duca, l’une des distinctions littéraires les plus généreuses après le Nobel. Ce choix, applaudi en France, a été perçu comme une provocation de l’autre côté de la Méditerranée. Un écrivain adulé ici, poursuivi là-bas : l’affaire révèle deux conceptions opposées de la liberté d’expression.
Et la tension est loin de retomber. La place inaugurée à Cholet n’est pas qu’un lieu : c’est un message. Un coup de projecteur politique. Une dénonciation silencieuse, mais percutante. Un hommage à une plume qui refuse de se taire.