Officiellement lancée en janvier dernier, la campagne de vaccination contre le Covid-19 en Algérie, a connu beaucoup de retard à cause du manque de doses. Après avoir signé les contrats d’acquisition des vaccins Sinopharm et Spoutnik V, dès le 13 janvier, le ministère de la Santé n’a pas reçu les quantités commandées du fait de la forte tension mondiale sur les vaccins.
C’est ce qu’a reconnu le premier responsable du secteur dans une interview accordée, vendredi 20 août. En janvier, seulement 50 000 doses du vaccin russe Spoutnik V ont été réceptionnées par l’Algérie.
Aujourd’hui, on doit vacciner même les moins de 18 ans
Le ministre de la Santé est revenu sur la 3e vague de la pandémie du covid-19, amorcée début juillet, qui a été caractérisée par la prédominance du redoutable variant Delta et par une très forte tension sur l’oxygène. Selon Benbouzid, le problème d’oxygène trouve sa source dans la très forte demande, inattendue selon lui, sur ce produit vital.
L’année dernière, les patients étaient hospitalisés seulement parce qu’ils étaient positifs et qu’il fallait en quelque sorte les confiner et casser la chaine de transmission. Aujourd’hui, la demande sur l’oxygène a augmenté au point où on ne parle que de cela, a-t-il expliqué.
L’offre existe mais la demande a dépassé la production. C’est ce qui a créé la crise. La pression a augmenté sur les hôpitaux, a poursuivi Benbouzid. Selon lui, l’approvisionnement en oxygène s’est heurté également à un problème de transport et de distribution. Cependant, le véritable problème vient du manque d’oxygène du fait d’une demande plus forte que l’offre, insiste-t-il. Le manque de coordination est un autre facteur aggravant de cette crise de l’oxygène, a ajouté Benbouzid.
La 3e vague du covid a particulièrement été meurtrière durant le mois de juillet. « Nous avons atteint le pic, le 29 juillet, avec près de 2 000 cas. Nous avons redouté une augmentation plus importante, sachant que les hôpitaux étaient saturés », a signalé le ministre de la Santé qui dit avoir recensé près de 16 000 malades dans les hôpitaux, notamment à Alger, Tizi-Ouzou, Sétif et Blida.
Il y a eu une forte demande en oxygène. Des malades mourraient », dit-il. « Les décès, bien sûr, on dit qu’ils sont liés à l’oxygène mais ils sont liés à la maladie. La plupart des malades arrivent à l’hôpital avec des poumons ravagés, et qui même si on les alimente en oxygène, ils n’avaient pas de fortes chances de survivre, a néanmoins relevé Benbouzid qui assure qu’il n’a jamais été question de faire le tri entre les malades à mettre sous oxygène et d’autres pas.
Nous avons même importé de l’oxygène, nous avons essayé de nous organiser. Mais dans la crise, il y a toujours des problèmes. Grâce aux efforts fournis, la situation a commencé à s’améliorer et la courbe des contaminations décline, même doucement. Dans les différents hôpitaux, on enregistre moins de consultations, se félicite le ministre.
Le Pr Benbouzid estime le nombre de malades hospitalisés à 14 000 (contre 16 000 durant le pic), dont 1 284 hospitalisés à Alger (au 20 août) contre 1 500 durant le pic. La courbe est descendante, nous espérons qu’elle va durer, espère-t-il. Pour remédier au problème d’oxygène, il annonce que l’État a acquis des milliers de concentrateurs répartis sur toutes les wilayas. Cela parallèlement aux concentrateurs acquis par des particuliers et des opérateurs économiques.
Le ministre de la Santé a promis que cet épisode du manque d’oxygène ne risque plus de se reproduire et que toutes les leçons ont été tirées. À cette occasion, le Pr Benbouzid a annoncé la mise en place de générateurs d’oxygène dans les hôpitaux pour lesquels tout un programme a été mis en place. S’agissant du scénario d’une 4e vague du covid-19, le ministre de la Santé, qui ne l’exclut pas, affirme que ses services sont néanmoins mobilisés.