Des milliards de dinars circulent hors du contrôle de l’État sur le marché noir en Algérie, alimentant blanchiment, fuite de capitaux et évasion fiscale, avec des conséquences macroéconomiques graves.
Marché noir : Une économie parallèle florissante et hors de contrôle
En Algérie, les chiffres révélés par les services de sécurité montrent l’ampleur d’un système financier informel qui échappe totalement au contrôle de l’État. Argent liquide, devises, biens de luxe et véhicules sont régulièrement saisis lors d’opérations ciblées, mettant en lumière des flux financiers issus de transactions non déclarées, opérées en marge du système bancaire officiel. Entre 2019 et 2024, la masse monétaire a explosé, avec près de 8 700 milliards de dinars conservés en dehors des circuits bancaires. Cette tendance traduit une perte de confiance envers les institutions financières et l’essor d’un marché noir où les échanges se font en cash, sans traçabilité, alimentant ainsi des pratiques de blanchiment, de fraude et d’évasion de capitaux.

Des mécanismes de blanchiment sophistiqués et un impact économique profond
Les réseaux criminels exploitent des structures complexes pour légitimer leurs revenus illégaux : sociétés écran, opérations commerciales fictives, prêts simulés ou achats de biens à valeur floue. Des opérations comme celle menée à Saoula, où 24 milliards de centimes et 500 camions ont été saisis, révèlent une organisation méthodique du blanchiment d’argent. Parallèlement, les devises fuient le pays par des circuits transnationaux : des millions d’euros sont interceptés chaque année dans les aéroports, dissimulés dans les bagages de voyageurs. Ces fuites affectent directement la stabilité économique du pays. Elles creusent le déficit budgétaire, alimentent l’inflation, réduisent les recettes fiscales et freinent les politiques de redressement. Tant que cette économie parallèle prospérera, les efforts de réforme resteront inefficaces.