L’annonce de l’augmentation de l’allocation touristique en Algérie, portée à 750 euros par personne, avait éveillé l’espoir chez les voyageurs. Cette mesure, initiée par les autorités et validée par le président Abdelmadjid Tebboune en décembre 2024, était censée entrer en application au début de l’année 2025.
Pourtant, en ce mois de janvier, cette promesse reste sans effet concret. Aucun texte réglementaire n’a encore été publié pour officialiser cette décision, laissant les citoyens dans une incertitude qui pèse sur leurs projets de voyage. En attendant, les banques continuent de verser l’ancienne allocation, soit un montant symbolique de 103 euros, largement insuffisant pour répondre aux besoins réels des voyageurs. Ce retard n’est pas sans conséquences : il entrave les préparatifs des citoyens et alimente une économie parallèle qui suscite depuis longtemps des préoccupations.
Les répercussions sur les voyageurs
Pour de nombreux Algériens, l’allocation touristique constitue une aide cruciale pour organiser des voyages à l’étranger. Avec l’augmentation constante des coûts liés aux déplacements et la difficulté d’accès aux devises, l’espoir d’une hausse significative à 750 euros était vu comme une bouffée d’oxygène.
Cependant, l’incertitude actuelle complique la situation des voyageurs, qui doivent chercher d’autres moyens de financer leurs séjours. Dans ce contexte, beaucoup se tournent vers le marché noir des devises, où les taux de change sont bien plus élevés que ceux proposés par les banques. En janvier 2025, un euro s’échange à environ 257 dinars algériens, contre 248 dinars en décembre 2024. Cette progression reflète l’activité croissante du marché parallèle, étroitement liée à l’absence de la réforme tant attendue.
Allocation touristique : Une réforme onéreuse pour l’économie du pays
L’augmentation de l’allocation touristique pose un défi économique de taille pour l’État algérien. En augmentant près de huit fois le montant de cette allocation, les besoins en devises s’envolent. Si cette mesure était appliquée à seulement la moitié des 5,5 millions de voyageurs algériens, l’impact sur les réserves en devises pourrait dépasser 5 milliards d’euros par an.
Cela souligne l’importance de la réforme, qui doit trouver un équilibre entre les attentes des citoyens et les capacités financières de l’État. Par ailleurs, la crainte d’abus et de détournements rend la mise en œuvre encore plus complexe. Les autorités s’inquiètent notamment de la possibilité que certains citoyens revendent légalement les devises obtenues sur le marché noir.
Par exemple, une famille de quatre personnes percevant 2 100 euros par an pourrait facilement tirer un bénéfice en revendant ces fonds à des taux élevés, en particulier dans les zones frontalières.
Le marché clandestin en tire avantage
La suspension de cette allocation en devises renforce l’attrait du marché parallèle, où les voyageurs peuvent se procurer des devises en quantité suffisante et à des taux souvent compétitifs. Ce phénomène alimente un cercle vicieux : alors que les autorités espéraient réduire l’influence de ce marché informel, leur inaction actuelle contribue au contraire à le dynamiser.
Les acteurs du marché noir exploitent cette situation en ajustant leurs tarifs en fonction de la demande croissante, ce qui exacerbe les déséquilibres économiques. Pour éviter que cette réforme ne tourne à l’échec, plusieurs pistes peuvent être envisagées. L’ouverture de bureaux de change agréés permettrait de proposer une alternative légale et encadrée, tout en garantissant une meilleure transparence des transactions. En complément, des mécanismes de contrôle, tels que l’exigence de justificatifs de séjour ou de preuves de l’utilisation des devises à l’étranger, pourraient limiter les abus.
Par ailleurs, une gestion optimisée des réserves de change et une communication claire des autorités sur les délais et modalités de mise en œuvre de la réforme sont vivement recommandées par les experts. Une telle transparence contribuerait à regagner la confiance des citoyens et à freiner les spéculations autour de cette allocation. Pour les Algériens, cette nouvelle allocation touristique devait représenter une avancée dans l’accès aux devises et la facilitation des voyages.
Cependant, son retard fragilise cet objectif. En attendant une position claire des autorités, les voyageurs, tout comme l’économie nationale, continuent de subir les répercussions de ce flou administratif.