Algérie –Le Président Algérien, Abdelmadjid Tebboune a fêté, ce 13 décembre, sa deuxième année à la tête de l’Etat. Candidat à la présidentielle du 12 décembre 2019, intervenue dans un contexte politique particulier marqué par le rejet populaire du système en place dans le pays, il a été déclaré vainqueur au 1er tour avec 58,13% des suffrages, selon les résultats annoncés, le lendemain, 13 décembre, par l’autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
Arrivée au « fauteuil » d’El Mouradia, siège de la présidence algérienne à Alger, après plusieurs mois de contestation populaire qui a poussé à la porte de sortie, Abdelaziz Bouteflika, Abdelmadjid Tebboune devait, d’emblée, relever de nombreux défis. A leur tête amorcer un « vrai changement sur les plans, à la fois, politique et économique ». La barre était alors, de l’avis de tous les observateurs de la scène algérienne, placée trop haut.
Les chantiers à ouvrir sont nombreux. Il le savait déjà, lui qui était à la tête du gouvernement de l’ancien président déchu en 2017, avant de s’éclipser, pour plus de deux ans, du paysage politique algérien. Pour s’affirmer, dans la peau du président, Abdelmadjid Tebboune s’est fixé, dans le cadre de son programme électoral, 54 engagements pour « la Nouvelle Algérie ».
En tête de ces objectifs, il y a la mise en œuvre d’un agenda politique interne chargé. Dès les premiers mois de son intronisation, le Président Tebboune, toujours pressé par un Hirak encore fort, a lancé son premier chantier, en ouvrant un dialogue autour du projet de la révision constitutionnelle.
Un agenda politique qui ne suscite pas d’intêret
Mais l’avènement de la crise sanitaire, engendrée par la propagation de la Covid-19, et la maladie du Président qui l’a contraint à une longue absence, ont retardé la finalisation de ce projet qui n’a été soumis à un référendum populaire qu’en novembre 2020. Le texte n’a, finalement, été adopté que par une minorité des électeurs, soit 23,7% d’un corps électoral composé de près de 24 millions de votants.
Ceci fait dire aux analystes algériens, que « l’agenda politique du pouvoir ne suscite pas l’intérêt des Algériens qui restent peu convaincus par la démarche entreprise ». La confiance reste, selon eux, toujours perdue. Malgré cela, le Président Tebboune se montre déterminé à poursuivre la mise en œuvre de son programme. Il a annoncé alors, au printemps 2021, la dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN) et l’organisation de législatives anticipées programmées pour le 12 juin de la même année.
La démarche, comme il l’a expliqué, « visait à amorcer un renouvellement institutionnel en donnant plus de légitimité aux Assemblées élues ». Pour cela, le gouvernement a été chargé de réviser la loi électorale dans l’objectif de « faire barrage à l’argent sale en politique » et d’ouvrir « la voie à l’accession des compétences jeunes aux postes de responsabilité ». Mais, cette élection a été, une nouvelle fois, largement boudée par les électeurs, enregistrant le plus faible taux de participation dans l’histoire des scrutins en Algérie (23,3%).
La dernière étape de la mise en œuvre de l’agenda politique du Président Tebboune a été l’organisation, le 27 novembre dernier des élections locales anticipées qui ont donné la victoire, selon les résultats préliminaires, aux anciens partis au pouvoir, en l’occurrence le Front de Libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND).
Des mini-remaniements pour trouver la bonne formule
Pour la mise en œuvre de son programme, le Président Tebboune a formé, durant les premiers mois de sa présidence, un gouvernement de technocrates, largement ouvert sur des figures issues du Hirak du 22 février 2019. Mais la recette n’a pas été à la hauteur des attentes du chef de l’Etat. Il opère alors deux mini-remaniements ministériels, avant de procéder, en juillet dernier, à un changement du gouvernement avec la nomination d’un nouveau Premier ministre.
Il opte pour son ministre des Finances avec pour mission de lancer la machine économique, fortement impactée par la crise économique. Abdelmadjid Tebboune compte consacrer la prochaine année à la réforme de l’économie du pays en vue de la faire sortir de sa dépendance de la rente pétrolière. Réussira-t-il ? Wait and see. En deux ans de pouvoir, le bilan de Abdelmadjid Tebboune, selon le politologue, Mohamed Hennad, reste mitigé, voire « catastrophique ».
« Après deux ans de pouvoir, le bilan de Abdelmadjid Tebboune est un échec total. La situation socio-économique du pays va en s’aggravant. En parallèle, il y a un glissement dangereux de la situation politique et le respect des droits de l’homme, comme le confirme les classements internationaux du pays dans ce domaine », écrit le politologue dans une longue analyse postée, dimanche soir, sur sa page Facebook.
Mohamed Hennad souligne notamment les « désastres de l’approche sécuritaire adoptée pour faire face à la crise, au lieu d’une démarche purement politique adéquate pour une gestion saine de ce genre de problèmes ». L’autre synonyme de « l’échec », selon lui, « est le sentiment du désespoir général qui s’est emparé des Algériens, particulièrement les jeunes qui fuient le pays sur des embarcations de fortune ».