La décision de l’Algérie de ne pas se prononcer sur la crise tunisienne laisse perplexe certains observateurs. Cette position est interprétée de façon différente. Quand on lui prête un rôle dans ce qu’à entrepris le Président tunisien, d’autres disent le contraire.
Le 26 juillet dernier, après une journée de manifestation, Kaid Said avait pris des décisions radicales en limogeant son premier ministre, en annonçant le gel des travaux du Parlement pour une durée d’un mois et enfin levant l’immunité des députés.
Le parti islamiste tunisien d’Ennahda que dirige Rached Ghannouchi qui est également président du Parlement a dénoncé, « un coup d’État contre la révolution et la Constitution ». Prenant compte des accusations de l’opposition et les dénégation du gouvernement tunisien, l’Algérie a préféré joué la carte de la diplomatie en invoquant la non ingérence dans les affaires des États souverains.
Depuis le début de la crise, Alger s’est gardé de prendre position publiquement dans ce qui se passe chez le voisin. Les deux président Kais Saied et Abdelmadjid Tebboune se sont parlé à trois reprises au téléphone et le ministre Algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra s’est rendu deux fois au palais de Carthage où il a été reçu par Saied avec lequel il a évoqué la situation dans le monde arabe.
Alger a un avis tranché
Malgré toute baraque autour de cette affaire, le site Middle East Eye révèle que l’Algérie a un avis tranché sur ce qui se passe en Tunisie et il n’est pas en phase avec le Président Kais Said. Mieux, le journal publie même une déclaration qu’il attribue à une source algérienne haut placée et qui ne laisse planée aucun doute sur la position.
« Ce coup d’État n’a aucune chance de réussir. Nous avons demandé que Kais Saied négocie avec [Rached] Ghannouchi et nous savons exactement comment les Égyptiens et les Émiratis ont influencé ce coup d’État. Nous ne voulons pas d’un autre Haftar à Tunis. Nous ne voulons pas d’un gouvernement à Tunis asservi à ces forces », aurait déclaré la source à MEE.
La même source estime que ce qui se passe à Tunis est l’œuvre du Caire et de Abou Dhabi donc s’apparentant à une tentative d’installer un pouvoir à leur solde. Tout ceci n’est qu’une « vision fantasmée des choses », déclare à TSA un haut responsable du ministère algérien des Affaires étrangères qui dément tout ce qui a été rapporté par le journal basé à Londres.
Jusqu’à preuve du contraire, il faut comprendre que la position d’Alger vis-à-vis de la situation en Tunisie est celle exprimée solennellement par Ramtane Lamamra le 31 juillet dernier.