Après Air Algérie et Sonelgaz, Algérie Télécom adopte l’anglais sur ses factures. Un virage linguistique qui secoue le paysage public et symbolise un recul inédit du français.
Un choc linguistique dans les services publics
C’est un séisme discret, mais lourd de sens. Depuis le 10 août, Algérie Télécom imprime ses factures et reçus de paiement en arabe et… en anglais. Exit le français, pourtant longtemps omniprésent. Le fournisseur historique d’Internet rejoint Air Algérie et Sonelgaz dans ce basculement inédit.
Pour l’opérateur, ce changement est « une nouvelle étape dans la modernisation » de ses services. L’objectif : séduire expatriés, multinationales, étudiants et professionnels anglophones. Un geste stratégique, mais aussi symbolique, dans un contexte où chaque décision linguistique devient un message politique.
L’anglais gagne du terrain, le français recule
Ce virage n’est pas isolé. Air Algérie avait déjà adopté l’anglais sur ses billets. Sonelgaz, sur ses factures d’électricité et de gaz. Aujourd’hui, Algérie Télécom renforce cette tendance : un recul clair du français dans les grandes entreprises publiques.
Pour Mustapha Zebdi, président de l’Apoce, le choix est évident : « L’anglais domine les sciences et les technologies. C’est une manière de rattraper notre retard et d’être compétitifs à l’international. » Un discours pragmatique, loin des débats identitaires, mais qui souligne un changement profond dans les priorités linguistiques du pays.
Un message clair à l’international
Cette décision intervient alors que les relations Alger-Paris traversent une zone de turbulence. La reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a creusé un fossé politique avec l’Algérie.
Dans ce climat tendu, l’abandon progressif du français au profit de l’anglais prend une saveur diplomatique. Plus qu’un simple choix technique, c’est un repositionnement stratégique sur la scène mondiale. Et Algérie Télécom, en suivant cette voie, ne fait que confirmer une tendance qui s’installe : l’anglais devient la nouvelle langue de référence dans les services publics algériens.