La guerre d’Algérie a laissé un tabou bien gardé : les camps de regroupement. L’essai « Nancy-Kabylie » de Dorothée-Myriam Kellou revient sur les déplacements de population orchestrés par l’armée française dans les années 1950, au mépris des conditions de vie des personnes déplacées.
Ces morts anonymes de la guerre d’Algérie sont souvent attribués à la misère. Pourtant, la note sur les centres de regroupement, rédigée par Michel Rocard en 1959, avait révélé la vérité. Malheureusement, ces révélations ont été rapidement oubliées.
Les regroupements, initiés en 1955, avaient pour objectif initial des raisons militaires. Les mechtas, refuges pour les moudjahidins, ont été détruits. En 1956, des zones interdites ont été établies. Concrètement, les forces de l’ordre pouvaient ouvrir le feu sans avertissement.
Cependant, les enseignements de la note de Michel Rocard ont été enterrés trop vite. Au total, 3,5 millions de personnes ont été déplacées de force, soit 40 % de la population algérienne. Les conséquences sur la population, notamment les enfants, étaient tragiques.
Les regroupements ont laissé des séquelles profondes et à long terme. Il est grand temps de les sortir de l’ombre et de les intégrer dans la mémoire collective.