Ce lundi 16 Août, la chaine de télévision privée Lina TV a été fermé. Une décision prise par le ministère de la communication qui estime que son activité est « en dehors des cadres juridiques en vigueurs. »
Selon l’ancien ministre de la communication, Abdelaziz Rahabi, « cette fermeture définitive » résume les ravages que peut provoquer l’effacement de la justice et l’absence de cadre légal dans l’exercice d’une activité sensible livrée à une Administration qui fait fonction d’État et à d’influents groupes de pression et d’intérêts »
Celui qui avait démissionné sous le magistère de Bouteflika a saisi l’occasion de faire un regard orienté sur la liberté d’expression et des médias en Algérie après plus de 20 ans. Il a touché le point culminant en déplorant les pratiques qui fragilisent les médias du pays jusqu’à voir la souveraineté « érodé ».
« La liberté d’expression a été de tout temps un enjeu de pouvoir chez nous, les gouvernants successifs ont utilisé la répression, le chantage ou la corruption et parfois tout à la fois. Ils ont recouru notamment à l’instrumentalisation politique de la publicité institutionnelle ce qui a fait de cet outil, pourtant sponsor avéré de la liberté d’expression et de la démocratie, un instrument de chantage », écrit Rahabi qui cite le quotidien à El Watan comme dernière victime de ces pratiques, bien qu’il ait « rendu à l’État algérien plus de services que beaucoup de ses serviteurs zélés incompétents et corrompus ».
L’inaccessibilité des sites à partir d’Algérie
Il déplore aussi le fait que « des sites algériens sont inaccessibles à partir d’Algérie, leur développement est hypothéqué et soumis à toutes formes de contraintes pour laisser cet espace aux étrangers dans une logique qui défie tout bon sens et fait légitimement douter des véritables intentions de certains donneurs d’ordre ».
Selon lui, la liberté d’expression reste « un marqueur intemporel de l’identité des Algériens qu’il serait vain de nier ou d’entraver en ces temps de la mondialisation et de règne du numérique ».
« Notre pays s’engage souvent dans des combats d’arrière-garde qui multiplient ses fragilités et lui font perdre du temps, des moyens et l’énergie de ses enfants », remarque- t-il.
Rahabi avance que : « notre souveraineté est érodée par notre incapacité à produire des contenus de qualité dans les réseaux sociaux qui façonnent aujourd’hui et souvent de l’étranger notre propre opinion publique. »
« De même que notre système national d’information souffre du manque de crédibilité et de professionnalisme, ce qui réduit son impact national et le rend inaudible à l’international, alors que les pays se nourrissent de leur image, le nôtre nourrit sa mauvaise image », déplore le diplomate algérien