Tebboune et Macron relancent les liens, Barrot parle de coopération totale, mais un détail bloque tout : l’absence d’un ambassadeur algérien à Paris. Un retard qui fait jaser !
Une reprise officielle… avec un grand “mais”
Le 31 mars, un appel entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron a marqué le début d’un dégel diplomatique très attendu. Le 6 avril, le ministre français Jean-Noël Barrot a foulé le sol algérien, saluant une “volonté partagée de lever le rideau”. Tout y est : relance des partenariats, coopération judiciaire, reprise des échanges sécuritaires…
Mais un détail trouble l’équation : l’Algérie n’a toujours pas nommé d’ambassadeur à Paris.
“L’absence d’un ambassadeur ne permet pas la mise en œuvre pleine de la feuille de route conjointe”, souffle une source diplomatique française.
Pourquoi ce blocage alors que les deux États affichent une volonté de réconciliation totale ?
Un poste diplomatique vide depuis 8 mois
Depuis le retrait de Saïd Moussi le 30 juillet 2024, le poste d’ambassadeur est officiellement vacant. Une décision prise par Alger après un changement de cap de la France sur le dossier du Sahara occidental.
Contrairement à un simple rappel, ce retrait signifie que Moussi ne reviendra pas. Il a d’ailleurs été redéployé à Lisbonne. Dès lors, la logique voudrait qu’un nouveau nom soit désigné… mais rien ne bouge.
8 mois de silence, 0 nomination. Une anomalie diplomatique.
Algérie–France : Des annonces fortes, mais toujours pas de date
En effet, Jean-Noël Barrot a multiplié les signaux positifs. Il s’agit entre autres :
- Reprise des contacts entre services de renseignement
- Réactivation des mécanismes de coopération
- Prochaine visite de Gérald Darmanin
- Dialogue stratégique sur le Sahel
- Travail de mémoire relancé
Mais à la question d’un ambassadeur à Paris, aucune échéance n’est donnée.
“C’est aux autorités algériennes de décider”, évacue la diplomatie française.
Pourquoi ce flou ? Faut-il y voir une méfiance persistante ou un simple calcul stratégique d’Alger ?
Une visite symbolique et un message inattendu
Dans un moment hautement symbolique, Jean-Noël Barrot s’est rendu à la basilique Notre-Dame d’Afrique, où il a été accueilli par Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger et voix de la réconciliation.
Le religieux franco-algérien n’a pas mâché ses mots en mars dernier :
“L’Algérie ne cède jamais face aux injonctions, surtout venant de la France. Le divorce serait suicidaire pour Paris.”
Cette sortie avait visé le ton jugé agressif du ministre français Bruno Retailleau. Aujourd’hui, l’appel à l’apaisement semble entendu… mais l’Algérie reste maître du tempo. Les signaux sont au vert. La volonté politique existe. Mais tant que le nom du nouvel ambassadeur algérien à Paris ne sera pas annoncé, le retour à la normale restera incomplet.
Alors, l’Algérie va-t-elle désigner son ambassadeur dans les jours à venir ? Ou faut-il y voir un levier de pression silencieux ?