Les relations déjà fragiles entre l’Algérie et la France ont été une nouvelle fois mises à rude épreuve. Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger, a suggéré d’interdire les vols d’Air Algérie en France.
Bien que cette proposition ait suscité quelques sourires, elle s’inscrit dans un climat de tensions croissantes entre les deux pays et soulève des doutes quant à sa pertinence et sa faisabilité. La suggestion de Driencourt fait suite à un incident diplomatique impliquant l’expulsion de l’influenceur algérien Doualemn, accusé d’incitation à la haine. Expulsé de France, il a été renvoyé en Algérie, où les autorités ont immédiatement décidé de le réexpédier vers la France.
Ce rebondissement, qualifié d’« humiliation » par le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a intensifié les tensions entre Paris et Alger. Pour répondre à cette situation, Driencourt a proposé une mesure se voulant ferme : interdire les vols d’Air Algérie en France. Une idée qui semble davantage symbolique que réellement applicable.
Qu’est-ce qui rend cette proposition amusante ?
L’idée d’interdire les vols d’une compagnie aérienne nationale comme mesure de rétorsion suscite des interrogations pour plusieurs raisons :
Conséquences économiques pour les deux nations : Air Algérie transporte chaque année des milliers de passagers entre l’Algérie et la France, principalement issus de la diaspora algérienne. Une telle interdiction engendrerait des pertes économiques significatives et compliquerait les déplacements des familles et des travailleurs.
Risque d’escalade : Driencourt reconnaît que l’Algérie pourrait répondre en interdisant les vols d’Air France sur son territoire. Cependant, il estime que cette riposte serait plus préjudiciable pour Alger que pour Paris. Ce raisonnement semble contestable, compte tenu des liens étroits sur les plans commercial et humain entre les deux pays.
Un précédent problématique : La diplomatie repose sur le dialogue et la négociation, et non sur des sanctions unilatérales susceptibles d’aggraver les tensions. Une telle décision risquerait d’isoler davantage la France dans ses relations avec les pays du Maghreb.
Air Algérie : Des options tout aussi contestables
En complément de cette idée, Xavier Driencourt a suggéré de restreindre les déplacements des diplomates algériens sur le territoire français. Selon lui, cette initiative répondrait à des mesures similaires appliquées aux diplomates français en Algérie.
Bien que cette proposition soit moins marquante que celle visant Air Algérie, elle illustre une volonté d’adopter une posture plus ferme dans les relations bilatérales, plutôt que de chercher un apaisement. Cependant, pour de nombreux analystes, cette approche semble déconnectée des réalités géopolitiques et économiques. Les relations entre la France et l’Algérie, malgré leurs tensions, reposent sur des liens historiques et culturels profonds. Bloquer les vols d’Air Algérie reviendrait à ignorer ces connexions et à pénaliser des milliers de citoyens des deux côtés.
Plutôt que d’opter pour des mesures aussi radicales, la priorité devrait être donnée au dialogue. Les différends entre Paris et Alger, bien réels, appellent à des solutions constructives, et non à des actions symboliques qui risquent de détériorer davantage les relations bilatérales.
Un exploit sans suite ?
Au final, la proposition de Driencourt semble davantage être une provocation qu’une véritable démarche diplomatique. Elle traduit une volonté d’afficher une posture de force sans apporter de solution pérenne. Si son but était de faire parler de lui, l’ancien ambassadeur a réussi son pari. Cependant, en ce qui concerne l’apaisement des tensions entre la France et l’Algérie, cette initiative risque de rester sans suite.
Étant donné la profondeur des liens entre les deux pays, il semble peu probable que des mesures aussi radicales soient mises en œuvre. Et c’est sans doute mieux ainsi : les relations internationales se bâtissent sur le dialogue et la coopération, non sur des sanctions démesurées et contre-productives.