Alors que Mohammed VI interdit le sacrifice de mouton au Maroc pour l’Aïd-el-Adha 2025 , les Marocains de Catalogne refusent d’obéir. L’acte religieux devient un acte de rupture. Enquête sur une décision qui fait trembler les identités.
Maroc vs diaspora : un Aïd-el-Adha 2025, deux mondes
Le Maroc a tranché : pas de sacrifice de mouton pour l’Aïd-el-Adha 2025. Une décision royale sans appel, motivée par la sécheresse persistante et la réduction dramatique du cheptel national. Pourtant, à plus de 1 000 kilomètres de là, en Catalogne, des voix marocaines s’élèvent pour désobéir. Les principales instances islamiques locales, dont la Fédération du Conseil islamique et l’Union des communautés musulmanes de Catalogne, ont lancé un appel clair :
« Accomplissez le sacrifice, avec engagement et discipline. »
Une déclaration qui fait l’effet d’une bombe. Loin d’un geste anodin, il s’agit d’un rejet implicite d’une directive royale, perçue comme hors sol pour les 694 000 musulmans de Catalogne — dont 80 % sont Marocains ou d’origine marocaine.
Une décision royale contestée… et contournée
Le 26 février, Mohammed VI, via le ministre des Affaires islamiques, justifiait son appel à renoncer au sacrifice par les défis climatiques et économiques du Royaume. Mais ce message s’adresse-t-il aussi à la diaspora ? Flou total. En Espagne, la réponse fuse : non.
« La décision ne peut être généralisée à la situation des musulmans de Catalogne », martèle le président de l’Union des communautés musulmanes.
Et pour cause : en Catalogne, aucune pénurie de bétail, aucune crise agricole. Résultat ? Une partie de la diaspora voit dans l’appel royal une ingérence déplacée. D’autres, au contraire, saluent une démarche moderne axée sur la solidarité et la compassion, comme l’a rapporté Hiba Press. Mais la fracture est là : entre obéissance au Royaume ou fidélité au rite ancestral, chacun choisit son camp.
Aïd-el-Adha 2025 : entre foi, identité et loyauté, les Marocains à la croisée des chemins
L’affaire dépasse la simple question du mouton. Elle interroge :
À qui les Marocains de l’étranger doivent-ils obéir ?
Le rite peut-il survivre à la géopolitique ?
Et jusqu’où s’étend vraiment l’autorité morale d’un roi ?
Le débat est lancé. Et il est brûlant. Car dans les mosquées catalanes, des fidèles interrogent déjà leurs imams : faut-il suivre la consigne royale ou maintenir la tradition ? Les responsables religieux, eux, tranchent : le contexte espagnol est différent, donc la recommandation ne s’applique pas.