En raison de la flambée des prix, des restrictions logistiques et juridiques, plusieurs mosquées en France invitent les fidèles à renoncer au sacrifice du mouton pour l’Aïd al-Adha 2025.
Aïd al-Adha 2025 : Une mobilisation inédite face à une crise logistique et économique
À l’approche de l’Aïd al-Adha 2025, certaines mosquées françaises brisent un tabou en appelant les fidèles à ne pas sacrifier de mouton cette année. À Nîmes, la mosquée Lumière et Piété a ouvert la voie à cette mobilisation inédite, invoquant des conditions d’abattage impossibles à respecter. Avec un unique abattoir agréé dans le Gard, limité à 300 bêtes par jour pour une communauté de 15 000 fidèles, les responsables religieux dénoncent une organisation inadaptée à l’ampleur de l’événement.
L’appel au boycott ne vise pas la foi, mais dénonce une situation logistique intenable. Le président de la mosquée pointe l’absence d’alternatives sûres et respectueuses du rite : « Comment garantir un sacrifice digne et conforme dans ces conditions ? » interroge-t-il. Cette frustration locale rejoint une prise de conscience plus large au sein de la communauté musulmane.

Entre flambée des prix et législation contraignante
Outre les contraintes d’abattage, c’est surtout la hausse vertigineuse du prix des moutons qui alimente la grogne. En quelques mois, les tarifs sont passés de 90 à plus de 300 euros, rendant le sacrifice inaccessible pour de nombreuses familles. Résultat : des fidèles se tournent vers d’autres formes de célébration, privilégiant la prière et le partage à un acte devenu trop coûteux.
À cela s’ajoute un durcissement des règles entourant l’abattage halal en France, avec des risques accrus de sanctions en cas d’infraction. Pour beaucoup, la peur des amendes et des poursuites remplace désormais la ferveur spirituelle. La situation française fait écho à celle du Maroc, où le roi Mohamed VI a lui-même conseillé à ses citoyens de renoncer au sacrifice, évoquant une pénurie de cheptel.
Ce mouvement de boycott, rare mais symbolique, soulève une réflexion profonde sur les modalités de pratique religieuse dans un contexte de crise économique, de législation stricte et de contraintes sanitaires. Pour beaucoup de fidèles, préserver l’essence de l’Aïd, fondée sur la foi, la générosité et la fraternité, passe désormais par d’autres formes de célébration.