Saada Arbane accuse Kamel Daoud de diffamation après ses propos dans Le Figaro. L’affaire autour du roman Houris prend une nouvelle tournure judiciaire à Paris.
Nouvelle plainte contre Kamel Daoud : Saada Arbane l’accuse désormais de diffamation en France
L’affaire autour du roman Houris de Kamel Daoud, couronné du prix Goncourt 2024, continue de faire des vagues. Saada Arbane, qui accuse l’écrivain de s’être inspiré de son histoire personnelle sans son consentement, a déposé une nouvelle plainte en France, cette fois pour diffamation.
Dans une interview au Figaro le 3 avril dernier, Kamel Daoud s’était insurgé contre le traitement médiatique et judiciaire de cette affaire, déclarant notamment : « La France ne peut même pas protéger Kamel Daoud en France, à Paris, et ne peut rien pour Boualem Sansal en Algérie. » Selon l’avocat de Saada Arbane, ces propos porteraient atteinte à l’honneur et à la réputation de sa cliente, bien qu’elle ne soit pas nommée dans l’entretien : « Elle n’a pas besoin d’être citée, elle est parfaitement identifiable », affirme Me Bourdon.
Trois plaintes, deux pays, un même combat
Cette action judiciaire pour diffamation s’ajoute à deux autres plaintes déjà déposées : En novembre dernier, devant le tribunal d’Oran en Algérie, pour atteinte à la vie privée et exploitation non consentie de son vécu. En février 2025, devant le tribunal judiciaire de Paris, pour non-respect de sa vie privée, avec une demande de 200 000 euros de dommages et intérêts.
Saada Arbane affirme que le personnage principal du roman, Aube, serait inspiré de son propre drame : une tentative d’égorgement durant la décennie noire en Algérie, suivie de lourdes séquelles physiques et psychologiques. Elle précise avoir partagé cette histoire avec sa psychiatre, épouse de l’auteur, sans jamais donner l’autorisation de la rendre publique.
Un écrivain sous pression
Face à ces accusations, Kamel Daoud continue de nier tout lien avec la plaignante. « Cette jeune femme malheureuse clame que c’est son histoire. Si je peux comprendre sa tragédie, ma réponse est claire : c’est complètement faux », avait-il déclaré dans Le Point. Mais ces déclarations ont à nouveau relancé l’affaire. Le journal Le Point rapporte que Kamel Daoud a reçu une citation directe à comparaître ce lundi 5 mai, émise par un huissier, pour une audience fixée au 13 juin 2025 devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, spécialisée dans les affaires de presse.
Marc Feuillée, directeur de la publication du Figaro, est également visé. Cette nouvelle plainte marque une escalade judiciaire entre Saada Arbane et Kamel Daoud, mêlant questions éthiques, artistiques et politiques. L’affaire soulève de nombreuses interrogations sur la frontière entre fiction littéraire et exploitation de témoignages intimes, dans un contexte déjà tendu entre les sphères culturelles algérienne et française.