Condamné à 5 ans de prison, atteint d’un cancer, Boualem Sansal voit son procès reporté. La France appelle l’Algérie à un « geste d’humanité ». Voici les dessous d’une affaire qui divise.
Un procès repoussé, une santé qui décline : le cas Boualem Sansal bouleverse
Le mardi 20 mai 2025, la salle d’audience de la Cour d’Alger était sous tension. Annoncé pour aujourd’hui, le procès en appel de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné en mars à 5 ans de prison ferme, a finalement été reporté au 24 juin prochain. Raison invoquée : permettre une meilleure préparation de sa défense. Un report qui agite autant les sphères politiques que l’opinion publique, en Algérie comme à l’étranger. À 80 ans, Sansal lutte contre un cancer et se retrouve au cœur d’un bras de fer judiciaire et diplomatique.
Poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’État, à l’intégrité du territoire et à la stabilité des institutions, il avait surpris lors de sa première comparution en mars en renvoyant son collectif d’avocats pour se défendre seul. Le parquet, de son côté, avait requis 10 ans de prison. Le 20 mai, changement de cap : de nombreux avocats étaient présents, marquant une nouvelle stratégie de défense face à une justice qui s’annonce implacable.
Pression diplomatique : Paris entre dans l’arène
Dans un geste rare et lourd de sens, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est monté au créneau le mardi. À la radio France Inter, il a lancé un appel clair à Alger : « Je suis très préoccupé par son état de santé… Je souhaiterais un procès rapide pour qu’un geste d’humanité puisse être pris. »
Ce n’est pas la première fois que la France tente une médiation : les filles de Boualem Sansal avaient déjà imploré Emmanuel Macron, dans une lettre ouverte, de sauver leur père. Mais silence radio du côté algérien. Ni la grâce présidentielle ni une libération conditionnelle n’ont été envisagées jusqu’ici, malgré les alertes sur l’état de santé préoccupant de l’écrivain.
Un procès hautement symbolique qui secoue l’opinion
L’affaire Boualem Sansal dépasse de loin la seule sphère judiciaire. Elle cristallise les tensions entre liberté d’expression, souveraineté nationale et pression internationale. Pour certains, il s’agit d’un procès politique. Pour d’autres, d’une ligne rouge à ne pas franchir pour préserver l’ordre établi.
Ce qui choque le plus ? Le silence des autorités algériennes face aux appels à la clémence. Et la brutalité ressentie face à un homme malade, âgé, intellectuel respecté, qui risque de finir ses jours en prison. Une situation explosive à la veille d’un procès que l’opinion attend désormais comme un test de l’humanité et de la justice algérienne.