Crise diplomatique, clash ministériel et tensions brûlantes : la France se divise sur le sort de Boualem Sansal, écrivain emprisonné en Algérie. Une affaire explosive qui secoue Paris.
Boualem Sansal, otage d’un bras de fer politique ?
L’affaire Boualem Sansal est en train de virer à la crise ouverte entre deux figures majeures du gouvernement français. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a lancé une charge virulente contre la stratégie diplomatique française, accusant la « diplomatie des bons sentiments » d’avoir échoué face à Alger. Dans son viseur : l’inaction supposée de son collègue des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Ce dernier n’a pas tardé à répliquer avec froideur, sur X (ex-Twitter) : « Il n’y a ni diplomatie des bons sentiments, ni diplomatie du ressentiment. Il y a juste la diplomatie. » Une formule sèche, sans nommer Retailleau, mais qui sonne comme une gifle publique. L’État français se fissure, et Boualem Sansal reste, lui, derrière les barreaux en Algérie depuis plus de sept mois, condamné à cinq ans de prison.
« L’Algérie cherche à nous humilier » : Retailleau attaque frontalement Alger
Bruno Retailleau ne cache plus son agacement. Pour lui, l’heure de la fermeté a sonné. Dans Le Figaro, il va plus loin, accusant le régime algérien de vouloir « nous humilier » et plaidant pour un changement de ton radical : « Il faut revenir à la défense de nos intérêts », martèle-t-il. Une sortie offensive qui jette un froid glacial sur les relations franco-algériennes, déjà fragilisées.
Et pour cause : le président Tebboune a ignoré les appels à la grâce de Sansal, renforçant l’impression d’impasse. Cette affaire relance les débats sur la souveraineté, la liberté d’expression et l’influence française dans l’espace maghrébin.
Entre visas, expulsions et condamnations : les relations Paris-Alger au bord du précipice
L’affaire Sansal n’est que la pointe de l’iceberg. La condamnation du journaliste Christophe Gleizes à sept ans de prison en Algérie pour « apologie du terrorisme » a envenimé un peu plus la situation. Puis, Paris a imposé une nouvelle règle : même les détenteurs de passeports diplomatiques algériens doivent désormais demander un visa pour entrer en France.
Une mesure perçue à Alger comme une provocation, suivie d’une série d’expulsions croisées de diplomates entre les deux capitales. L’ambiance est explosive. Et derrière cette tempête politique, c’est la figure de Boualem Sansal qui cristallise une tension historique, mémorielle et stratégique entre deux pays liés, mais de plus en plus distants.
Une fracture franco-française sur fond de crise algérienne
Le sort de Boualem Sansal dépasse le simple cas individuel. Il révèle une fracture au sein même du gouvernement français, divisé sur la manière d’agir face à une Algérie jugée intransigeante. Le clash entre Bruno Retailleau et Jean-Noël Barrot ouvre un nouveau chapitre dans une relation bilatérale déjà malmenée. Une question se pose dorénavant : jusqu’où cette guerre des nerfs ira-t-elle ?