Algerie Part Plus – « L’ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika sera inhumé ce dimanche au carré des martyrs du cimetière d’El Alia à Alger, réservé aux héros de la guerre d’indépendance, mais il aura droit à moins d’honneurs que ses prédécesseurs ». Cette phrase est revenue dans les articles de nombreux médias internationaux qui ont relayé l’information du décès d’Abdelaziz Bouteflika, l’ancien Président de la République qui a dirigé le pays de 1999 jusqu’à 2019. C’est dire que toute la presse internationale a remarqué cet étrange traitement accordé à un ancien Chef d’Etat qui va être enterré officiellement sans les honneurs auxquels tout ancien Président devrait avoir droit.
Et à Alger, ce sujet suscite le malaise. Et pour cause, personne ne veut assumer la prise de cette décision consistant à organiser des obsèques discrètes et un enterrement silencieux sans aucune cérémonie solennelle. Même l’exposition de la dépouille d’Abdelaziz Bouteflika au Palais du Peuple à Alger, annoncée initialement, a été annulée sans aucune explication officielle. « Pourtant, ce bâtiment d’apparat avait fait l’objet de préparatifs pour un tel recueillement en présence de hauts dignitaires du pays », note à ce propos l’AFP, l’agence de presse française qui n’a pas omis de noter également que « les corps des prédécesseurs de Bouteflika et même son ex-chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah ont tous été exposés dans ce Palais avant d’être enterrés ».
Même lors de sa mort, Abdelaziz Bouteflika a subi une deuxième « déchéance » qui lui est infligée par un Etat visiblement embarrassé par l’annonce de son décès et pressé de tourner définitivement la page de son long règne controversé. Certaines sources ont confié à Algérie Part que c’est la famille Bouteflika qui s’est opposée vigoureusement à l’organisation d’obsèques solennelles pour ne pas se retrouver au coeur de nouvelles polémiques sur la place qu’il faut conférer à Abdelaziz Bouteflika dans la mémoire collective algérienne.
Ainsi, la dépouille d’Abdelaziz Bouteflika sera directement transférée au cimetière d’El Alia une cérémonie d’inhumation va se dérouler dans un cercle très intime sans la présence des caméras des télévisions. Du moins jusqu’à cette heure-ci, même l’ENTV, la chaîne étatique officielle, affiche son mutisme concernant cet évènement et aucune disposition n’aurait été adoptée pour diffuser des images de l’enterrement du Président qui avait dirigé pendant 20 ans le pays.
Au carré des Martyrs d’El Alia, des officiels, des membres du gouvernement et des représentants diplomatiques des chancelleries étrangères sont attendus et les convois n’ont pas cessé de défiler devant ce cimetière algérois depuis 11 H 30. A l’extérieur, quelques dizaines de citoyens se sont rassemblés pour tenter de participer à ces funérailles. Un cordon sécuritaire a été établi pour surveiller et contenir le moindre mouvement de foules.
Soulignons enfin que l’Algérie n’a pas observé un deuil national à la suite du décès d’Abdelaziz Bouteflika. Les autorités algériennes ont décidé uniquement d’une mise en berne du drapeau national à travers le territoire national, pendant trois jours depuis hier samedi.
C’est la première fois qu’un ancien Président de la République est traité avec si peu de considération en Algérie. Rappelons que l’Algérie avait observé 8 jours de deuil officiel lors de la mort d’Ahmed Ben Bella, premier Président de la République de l’Algérie Indépendante. Le défunt Houari Boumediène a eu droit, quant à lui, à 40 jours alors que le décès de Chadli Bendjedid a été accompagné aussi par 8 jours de deuil national et 7 jours de deuil ont été dédiés à la mémoire du défunt Mohamed Boudiaf. L’Etat algérien avait également décrété 8 jours de deuil national lors du décès en 2013 d’Ali Kafi qui a dirigé le pays pendant uniquement deux petites années, à savoir de juillet 1992 jusqu’à janvier 1994.