L’économie mondiale est en train de sombrer dans un cycle d’affolement inédit. Les prix des principales matières premières sont en train de connaître des augmentations qui donnent le tournis. Ces augmentations provoquent d’ores et déjà une terrible inflation des produits finis industriels ou agricoles. A ce rythme, le monde va basculer dans une crise de pouvoir d’achat qui menace plusieurs millions de foyers fragiles à travers la planète.
Les cours des matières premières continuent à flamber, un environnement de prix élevés qui est à la hauteur des risques géopolitiques provoqués par la menace russe. Selon plusieurs experts et spécialistes du commerce international, les prix à terme des principales matières premières (pétrole, cuivre, blé etc.) vont grimper de jour en jour en raison de la perspective du boycott de l’offre russe dans plusieurs secteurs clés comme les énergies fossiles ou les matières premières agricoles. Les utilisateurs finaux acceptent par conséquent de payer cher pour être approvisionné tout de suite, ce qui illustre parfaitement les problèmes de disponibilité dans certaines filières du fait du boycott de l’offre russe, notent à ce sujet de nombreux observateurs des cours mondiaux.
Ce lundi 7 mars, les prix du baril de pétrole ont franchi un nouveau cap vertigineux. Le Brent s’est envolé de 9,24% à 129,02 dollars le baril tandis que le brut américain (West Texas Intermediate, WTI) a grimpé de 8,46% jusqu’à 125,47 dollars USD. Les cours du pétrole brut ont tous deux atteint en séance leur plus haut niveau depuis juillet 2008 à respectivement 139,13 dollars et 130,50 dollars.
Plusieurs courtiers spécialisés dans les matières premières énergétiques prévoient des prix encore plus élevés dans les jours à venir en raison d’une décision américaine de boycotter le pétrole russe. « Un boycott mettrait une pression énorme sur l’offre pétrolière et gazière qui ressent déjà les effets de l’augmentation de la demande », ont déclaré les analystes de CMC Markets à l’agence Reuters qui estiment qu’un baril à 150 dollars n’est pas impossible dans les prochains jours. D’autres sources spécialisées constatent que les acheteurs mondiaux sont particulièrement réticents à s’approvisionner en pétrole russe. Cette défiance entraîne une chute des prix des références russes par rapport à ceux du Brent (de près de 20 USD), mais même avec ce discount, les acheteurs se font rares. Ce phénomène accentue la pression haussière sur les cours des deux principales références mondiales, le Brent et le WTI, qui se négocient désormais autour de 128 et 125 USD.
D’autre part, un vent de panique souffle sur les prix du gaz en Europe mais également sur le cours du charbon thermique en Asie (la Russie est également un important exportateur de charbon). Les prix ont atteint des sommets, le TTF néerlandais, le cours européen de référence du gaz naturel, cote 258 EUR/MWh tandis que la référence asiatique du charbon (Newcastle high-quality thermal coal) a inscrit un nouveau record à plus de 400 EUR la tonne.
Les prix des métaux industriels ont poursuivi aussi leur ascension. Les frictions géopolitiques et les sanctions occidentales ont entraîné une perturbation des approvisionnements. Des transporteurs maritimes comme le géant danois Moller-Maersk, suspendent temporairement leurs services vers les ports russes, tandis que certaines exportations sont tout simplement suspendues, c’est par exemple le cas de l’acier russe. Par conséquent, les prix continuent à grimper en flèche. Le cuivre atteint 10.470 USD la tonne, l’aluminium s’échange à 3850 USD et le nickel se négocie à 29.750 USD à la Bourse des métaux de Londres (LME).
Les produits agricoles subissent de plein fouet les conséquences désastreuses de la crise ukrainienne. La situation se détériore en mer Noire, où deux cargos ont été coulés au large d’Odessa, le plus grand port ukrainien. De nombreuses compagnies maritimes ont ainsi suspendu leurs expéditions vers les ports de la mer Noire, ce qui bouleverse les approvisionnements en blé et en maïs. Cette perturbation pousse les principaux importateurs à sécuriser rapidement leurs approvisionnements vers d’autres pays, un choc de demande sans précédent qui alimente d’autant plus la pression sur les prix. Le prix du blé a augmenté de 40% en cinq séances à Chicago, à 1250 cents le boisseau. Rappelons que l’Ukraine et la Russie pèsent ensemble près de 30% des exportations mondiales de blé et environ 15% des exportations de maïs. Il est à noter enfin que depuis vendredi le blé s’affichait au prix record de 393 euros la tonne sur Euronext. À titre de comparaison, la tonne s’élevait à 284 euros au mois de novembre.
Source : AFP, Reuters et Zonebourse