Dans un contexte de fortes tensions diplomatiques avec Paris, le Parlement algérien a adopté, le 24 décembre, une loi majeure qualifiant la colonisation française de crime d’État, relançant avec force le dossier mémoriel entre l’Algérie et la France.
Une loi à forte portée politique et symbolique
Réunis en séance plénière, les 407 députés de l’Assemblée populaire nationale ont validé ce texte après plusieurs jours d’examen. Ouverte par l’hymne national, la séance a marqué un moment solennel. Pour le président de l’APN, Brahim Boughali, cette loi constitue un « message politique clair » affirmant l’attachement de l’Algérie à son histoire et aux sacrifices de son peuple.
Déjà présenté à deux reprises depuis 2001, ce projet de loi contre la colonisation française reflète une volonté politique constante, malgré les blocages antérieurs, notamment en 2005 sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika.
Excuses, réparations et restitution des archives au cœur du texte
Structurée en cinq chapitres, la loi réclame des excuses officielles de la France pour les crimes commis entre 1830 et 1962, considérées comme un préalable à toute réconciliation mémorielle. Le texte énumère les exactions imputées à la période coloniale : tortures, exécutions, pillages et destructions.
Il prévoit également une indemnisation complète des préjudices matériels et moraux, la restitution des archives historiques, notamment celles liées aux essais nucléaires et aux zones minées, ainsi que la décontamination des sites concernés. Des peines de prison sont prévues pour toute glorification de la colonisation.
Loi contre la colonisation française : Paris dénonce une initiative « hostile »
Côté français, le Quai d’Orsay a réagi vivement, qualifiant l’adoption de la loi « d’initiative manifestement hostile » au dialogue bilatéral et au travail mémoriel conjoint. Le ministère rappelle toutefois l’existence d’une commission mixte d’historiens et réaffirme la volonté de Paris de poursuivre un dialogue exigeant avec Alger, notamment sur les dossiers sécuritaires et migratoires. Par cette loi, l’Algérie inscrit la mémoire coloniale au cœur de sa souveraineté politique, au risque de fragiliser davantage ses relations avec la France.
