Une étude de l’OCDE révèle un écart salarial moyen de 28 % entre immigrés et natifs en France, lié aux secteurs d’emploi, à la mobilité et aux limites d’intégration.
Disparités salariales en France : Immigrés vs travailleurs natifs
Une étude récente de l’OCDE a révélé une différence notable dans les salaires des travailleurs immigrés comparés aux natifs dès leur entrée sur le marché de l’emploi en France. En s’appuyant sur l’examen de millions de données issues de plusieurs membres de l’organisation, l’OCDE a pointé du doigt un écart de revenus moyen de 28 % à l’insertion professionnelle, lorsque l’âge et le sexe sont identiques. Ces différences salariales sont similaires à celles du Danemark et du Portugal, tandis que l’Italie présente une disparité plus élevée, atteignant 45 %.
Les données analysées concernent des millions d’immigrants récents en emploi au début des années 2000, issus principalement de régions telles que l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine et l’Europe de l’Est. L’étude a pris en considération les salaires mensuels d’immigrés dans environ quinze pays de l’OCDE, parmi lesquels figurent la France, l’Allemagne, l’Espagne, les États-Unis et les Pays-Bas.
Raisons structurelles des inégalités
L’écart salarial de 28 % en France est principalement attribué à la forte présence des immigrés dans certains secteurs moins bien rémunérés comme les services, l’hôtellerie-restauration, l’agriculture, ainsi que les métiers autour de la sécurité et du nettoyage. De plus, ces travailleurs se retrouvent souvent dans des entreprises de petite taille à faible productivité offrant des salaires inférieurs. L’économiste Ana Damas de Matos, co-autrice de cette étude, estime que deux tiers de cet écart s’expliquent par ces facteurs sectoriels et par les caractéristiques des entreprises qui emploient les immigrés.
Évolutions et limites de progression
Bien que les immigrés débutent leur carrière à un désavantage, l’étude met en lumière une amélioration de leur situation économique au fil du temps, en partie grâce à la mobilité professionnelle. En changeant de secteur ou d’employeur, certains parviennent à réduire l’écart salarial, même s’il ne disparaît jamais complètement. La recherche révèle également un recours plus fréquent au travail à temps partiel subi parmi les immigrants, qui occupent souvent des postes moins qualifiés et moins bien payés, même avec des compétences équivalentes.
Les différences de salaire persistent à travail et employeur comparables, soulignant des facteurs possibles tels que l’ancienneté, la maîtrise linguistique, le niveau d’éducation ou des formes de discrimination. Ces inégalités prolongées interrogent sur l’efficacité des politiques d’intégration professionnelle, suggérant que l’accès à l’emploi repose souvent sur des réseaux informels, conduisant les immigrés à graviter vers des structures moins discriminantes mais limitant leurs possibilités de carrière.